dimanche 25 mars 2012

Plus long que d'attendre à l'urgence

En ce samedi printanier ordinaire, rien ne laissait présager que j'allais faire l'expérience de l'amplification extrême du supplice de la lenteur du temps qui s'écoule, minute par minute.

D'abord, m'étant levé de bon matin après une nuit de quasi insomnie provoquée par un vilain virus s'étant évadé de la garderie et sautant d'un membre de la famille à l'autre depuis quelques jours, je me suis rendu à l'urgence de l'Hôpital Sainte-Croix dans le rôle d'accompagnateur de malade.

Dans la salle d'attente principale, quelques personnes attendaient alors que, dans la salle adjacente, seul un type était couché sur les bancs, mi-endormi mi téléspectateur de RDS qui diffusait le Grand Prix de Formule 1 de je-ne-sais-où. Nous avons donc opté de poser nos arrière-trains dans cette section moins occupée.


Découverte : attendre dans la salle d'attente de l'urgence ET entendre à répétition l'assourdissant bruit désagréable des bolides de Formule 1 est la recette parfaite pour me rendre fou et justifier qu'on me monte au septième*.

Mais bon, le supplice n'a pas duré longtemps. Quand je suis revenu dans la salle d'attente avec un café, le malade amateur de zoum-zoum n'était plus là. J'en ai donc profiter pour changer de poste : destination RDI.

Là, Patrice Roy avait déjà commencé l'animation de ce qui allait devenir une looooooongue journée à l'antenne. Le congrès du NPD se préparait à élire en ce gris samedi de mars le nouveau chef du parti, au terme d'une looooooongue course à la chefferie - que certains ont savamment renommée « marche à la chefferie ».

J'ai donc pu, ce jour-là, faire une expérience comparative en temps réel simultané pour en arriver à un fascinant constat : le temps d'attente à l'urgence pour voir un médecin est moindre que celui dont a besoin le NPD pour se choisir un chef. (Voilà une comparaison qui réjouira le ministre Bolduc!)

Au moment où, au milieu de l'après-midi, nous sommes enfin repartis de l'urgence, prescription du médecin en main, la présidente du parti venait à peine d'annoncer les résultats du... deuxième tour! Mulcair accentuait son avance sur Topp, mais rien n'était encore joué à cette heure.

Haletante course d'escargots qui m'aura aider à relativiser la longueur de l'attente à l'urgence et - soyons honnêtes - à passer le temps de façon passablement agréable sur la scientifique échelle du bonheur de l'usager en milieu hospitalier.

Au moment où le suspense néo-démocrate prenait fin en soirée, couronnant le candidat Mulcair, et que Patrice Roy avait visiblement la langue à terre au moment de céder enfin l'antenne à sa collègue de la salle des nouvelles, on pouvait voir le théâtre de la convention déserté en arrière-plan, des estrades défraîchies et jonchées de papier, des militants épars à l'air hagard, quelques-uns couchés sur les bancs - terrassés par la fatigue ou la déprime? - tous arborant un teint livide...

La même scène que celle dans laquelle j'étais confiné quelques heures auparavant à l'Hôpital Sainte-Croix...




*Dans le jargon drummondvillois (de ma génération et de mes aînés du moins), dire de quelqu'un qu'il faudrait « l'emmener ou le monter ou le rentrer au septième » est un synonyme de dire que cette personne ne va pas bien entre les deux oreilles, qu'elle a une araignée dans le plafond, des chauve-souris dans le clocher, etc. C'est que, dans le passé (ce n'est plus le cas aujourd'hui, l'aile des soins psychiâtriques de l'Hôpital Sainte-Croix se trouvait au septième étage de l'établissement. Vérité ou légende? Je n'en sais rien... Quoi qu'il en soit, l'expression a survécu et est toujours en utilisée par la population de la capitale centricoise.

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