mardi 26 juin 2012

Machiavel répondrait facilement à la question: «Pourquoi le PQ va se faire planter?»


Non, ce n'est pas spécifiquement à cause de cette vidéo en particulier où Pauline Marois tape maladroitement sur des casseroles:

http://www.youtube.com/watch?v=F5xBxubCRrI

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(Avant de poursuivre votre lecture, prenez bonne note que l'auteur de ces lignes ne se réclame d'aucune appartenance au Parti Québécois. Tout au plus en a-t-il profondément marre de voir le PLQ gouverner le Québec en multipliant les manoeuvres douteuses et en réussissant chaque fois ses tentatives de noyer le poisson et de faire dévier le débat devant une opposition maladroite et amorphe.)

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Paul Arcand a réalisé une entrevue ce matin avec l'auteur de la vidéo en question qui affirme avoir mis en demeure le PLQ pour avoir utiliser ses images sans autorisation.

Du grand plagiat, de l'amateurisme malhonnête, de la vraie de vraie politique sale! La turpitude au service du pouvoir... Pour une raison bien simple et vieille comme le monde: parce qu'en politique, la fin justifie les moyens.

La ligne de réplique du PQ aurait très bien pu - aurait dû en fait - s'articuler autour du fait qu'avec ses casseroles maladroites, Madame Marois, elle, n'enfreint aucune règle éthique… Au lieu de cela, c'est le silence radio de la part de la chef péquiste, qui ne donne aucune entrevue sur la question, contribuant du coup à alimenter la nouvelle: «si elle garde le silence, ça doit être que le coup fait mal», aura-t-on tôt fait de présenter comme hypothèse.

Il y a quelques minutes, c'est donc Nicolas Girard qui était mandaté pour discuter de l'affaire avec Benoit Dutrizac. Résultat: une entrevue chloroforme dans laquelle le PQ répète que les Libéraux ne sont pas fins et que le PQ, lui, est gentil-gentil.

Dutrizac a bien résumé ce qui me parait évident dans le contexte en disant que puisque le PQ fait ce choix de ne pas répliquer coup pour coup aux messages négatifs des Libéraux: «Aux prochaines élections, vous allez vous faire planter!»

Le plus triste pour le PQ qui ne réagit pas, c'est que tout cela n'est après tout qu'une utilisation d'images anecdotiques sorties de leur contexte, une attaque qui ne fait manifestement pas appel à l'intelligence des électeurs - en fait, pour le dire plus directement, qui ne fait pas appel aux électeurs parmi les plus intelligents - mais comme chaque vote compte...

Bien sûr, allez voir les images que recèlent Google lorsque vous y entrez "Jean Charest" et vous découvrirez rapidement qu'elles ne sont pas toutes à son avantage. Mais là, le PLQ a fait franchir à celles-ci la barre pour qu'elles deviennent grand public, des images plagiées desquelles il tirera à n'en pas douter un avantage devant un adversaire bonasse qui ne veut pas se salir les mains.

Qu'est-ce que les Québécois veulent? Un gouvernement de copieurs ou un gouvernement qui s'intéresse aux préoccupations de la population? Le PQ pourrait utiliser ce prétexte pour proposer aux Québécois un tel message. Mais, les troupes péquistes ne le feront pas, croiseront plutôt les doigts dans l'espoir que cette (non-)nouvelle meurt au plus vite dans les médias et le PLQ va conséquemment tirer seul les bénéfices de son mesquin plagiat, opération qu'il fera tout pour mousser davantage.


Pourtant, le PM aussi peut être parodié...


... sans même modifier une seule image!

Qu'attend le PQ pour diffuser à son avantage l'extrait de Jean Charest qui, les deux pieds dans l'eau avec ses bottes de caoutchouc durant les inondations de la Montérégie, demandait le plus sérieusement du monde à un sinistré:

«Est-ce que votre maison est inondée?»

Un PM qui ne voit pas le problème même quand il a les deux pieds dedans, ça ferait une bonne ligne de réplique à la boue jetée par le PLQ.

Mais, le PQ ne le fera pas…

Nicolas Girard l'a dit ce midi à Benoit Dutrizac, une réponse qui va causer la perte du PQ, encore une fois:
«On ne fera pas de campagne négative.»

La recette parfaite pour conserver sa belle vertu... et demeurer dans l'opposition.

jeudi 21 juin 2012

La francisation des marques de commerce: quel mauvais combat de l'OQLF!

À nouveau, l'Office québécois de la langue française annonce qu'elle sort ses gros bras (gonflés à l'hélium), cette fois pour mettre au pas les commerces dont le nom n'est pas francisé:
Après avoir fait preuve d'une grande tolérance ces dernières années, l'Office québécois de la langue française (OQLF) a décidé de serrer la vis aux commerçants qui affichent leur marque en anglais (sic) sans descriptif en français. (http://www.985fm.ca/national/nouvelles/l-oqlf-promet-des-sanctions-pour-les-entreprises-n-152701.html)
Ainsi, l'OQLF ne s'attèle pas tant à valoriser le français qu'à combattre l'anglais. Or, un nom propre n'appartient pas à une langue en particulier. Si, par exemple, des commerces comme DeSerres, Brunet ou Valentine ne sont pas tenus d'ajouter un descriptif à leur nom, selon quelle logique pourrait-on forcer Tim Hortons, Bentley ou Harvey's à le faire? Et Bell, est-ce plus inacceptable comme nom de commerce que Desjardins? Et El Zazium, Shawarma Express, Okimo et tant d'autres? Et toutes les déclinaisons de Casa, de Trattoria, de Phở X Y Z, etc.?

On a beau citer sans arrêt des exemples de vilains commerces dont le nom est composé de mots empruntés à la langue anglaise (Canadian Tire, Home Depot, Burger King, Sushi Shop, Toys "R" Us, Urban Outfitters, Subway, etc.), si on commence à vouloir tout franciser sans discernement, l'OQLF aura vraiment du pain sur la planche, autant d'efforts qui, par ailleurs, ne rapporteront rien du tout étant donné que cette ligne dure de la francisation des marques de commerce par l'ajout obligatoire d'un descriptif en français ne résistera pas au test des tribunaux. Et, pendant ce temps, l'anglicisation - la vraie - se poursuivra sans faire de bruit.

Concrètement, si on harcèle Canadian Tire afin de forcer la chaine à franciser son nom au Québec en y intégrant un élément descriptif en français, va-t-on faire preuve du même zèle auprès d'IKEA, de RONA, voire de Provigo? C'est un mot français ça, Provigo?

Dans le même ordre d'idées, certaines bannières ont volontairement fait le choix de modifier leurs noms au Québec afin de leur donner une saveur francophone, autant de gestes qui méritent évidemment d'être salués. Sauf que, mettez la main sur le dictionnaire français le plus proche et cherchez-y les mots Équipeur, Esso et Pharmaprix: vous n'en trouvez nulle trace.

Mais alors, ce sont vraiment des noms français? Quelle est la grille d'évaluation qui permet de déterminer qu'un nom est acceptable et qu'un autre ne l'est pas?

Un concessionnaire automobile, Montréal Auto Prix, a bien un nom composé de trois mots en français correct, mais je vous mets au défi de trouver une logique syntaxique dans cette appellation. Si ça passe dans ce cas, ça implique que Boston Pizza est tout aussi conforme.

Par ailleurs, la chaîne de supermarchés Metro a bien un nom à consonance française. Or, voilà que le détaillant québécois se fait reprocher que son nouveau logo en minuscules ne comporte pas l'accent sur la lettre E (http://www.newswire.ca/en/story/913305/le-mouvement-quebec-francais-appuie-yves-michaud-et-demande-a-metro-de-mettre-l-accent-sur-sa-clientele-quebecoise). Mais pourquoi faudrait-il absolument que Metro ait un accent? Ses propriétaires ont décidé d'identifier leur entreprise ainsi, alors c'est son nom. Point final. Est-ce que les ayatollahs de la langue française vont envahir les pouponnières afin d'enquiquiner les hérétiques parents des petits Theo et Megane qui auraient par malheur commis le geste impur d'omettre l'accent dans le prénom de leur progéniture? Évidemment non, voyons: un nom c'est un nom, comme vous pouvez choisir d'écrire Catherine ou Katerine, Jérémie ou Jeremy, ...

Et puis, tant qu'à y être, Drummondville, ce n'est pas très français comme appellation. Ainsi, j'attends avec impatience que le député de Drummond et porte-parole du Parti québécois en matière de langue, Yves-François Blanchet, ajoute à sa liste de revendications linguistiques l'exigence que la métropole centricoise ajoute à son nom un descriptif en français pour devenir officiellement la municipalité de Ville de Drummondville!

Par ailleurs, tout ameuté soit-il sur la question des marques de commerce en anglais, le même député déchirerait sa chemise en public si, par malheur, un pays comme les États-Unis exigeait soudainement via une loi l'anglicisation des marques de commerce sur son territoire, forçant du coup le Cirque du Soleil à modifier son nom afin de se conformer aux exigences linguistiques américaines: The Cirque du Soleil Circus.

L'ironie suprême, c'est qu'au moment où on s'acharne sur des commerces à cause de la consonance anglaise de leur nom et qu'on exige d'eux un descriptif en français, il suffit de circuler dans les rues du fief pourtant francophone du député Blanchet pour y voir - effet de mode - des commerces dont c'est le descriptif qui est en anglais. Deux exemples rapides de bars situés tous deux sur la rue Lindsay:

Quant à la ministre Christine St-Pierre, elle a beau affirmé d'un ton ferme que «les commerçants devront se conformer à la loi sur la langue d'affichage», il demeure que son intervention survient en période pré-électorale dans un contexte où le gouvernement qu'elle représente a fait preuve depuis des années du plus indifférent laisser-faire en matière linguistique.

Au fond, toute cette démarche pour tenter de nous convaincre que les marques de commerce sont l'instrument le plus vil de notre assimilation n'est que de la poudre aux yeux de la part de l'OQLF et des politiciens. Voilà un effort de diversion condamné à l'échec pour nous faire oublier que la Charte de la langue française comporte nombre de dispositions qui, si elles étaient accompagnées d'un minimum de courage pour en forcer l'application, permettraient d'assurer que l'usage du français soit respecté dans la langue d'affichage (autre que la marque de commerce), dans la langue de service à la clientèle et dans la langue de travail, trois pans de la loi qui sont encore allègrement bafoués ici et là.

Bref, au lieu de mettre ses efforts pour encourager et faire respecter l'usage du français dans le quotidien des Québécois, l'OQLF s'efforce de camoufler les piètres résultats engendrés par la mollesse de son action en mettant de l'avant une opération purement factice d'acharnement sur les marques de commerce, des noms propres qui ne répondent pourtant à aucune logique linguistique.

Bon, assez pour aujourd'hui; il fait trop chaud pour s'indigner! C'est l'heure des rafraîchissements. Bien sûr, il serait exagéré de ne visiter une succursale des Pizzerias Pizza Hut que pour pouvoir me désaltérer d'un grand verre de Mountain Dew - Boisson gazeuse à la limonade... Alors vite, que j'ouvre une boîte de Rafraichissements à l'eau glacée Mr.Freeze achetée chez Les supermarchés Loblaws ou que j'aille rapidement faire le plein à la Station-service Shell avant de courir chez Dairy Queen - La chaine de restauration rapide qui au Québec se limite à être un bar laitier, où l'on m'accueillera dans un français impeccable, j'en suis sûr!

jeudi 14 juin 2012

La passerelle au-dessus du gouffre... financier

Récemment, à la mi-mai, j'ai blagué ici sur le fait que le journal L'Express avait publié un article vantant la construction d'un édifice de deux (!) étages au centre-ville. J'avais alors ironisé que Drummondville n'avait rien à envier à New York et son One World Trade Center… (Voir http://lecentricois.blogspot.ca/2012/05/que-le-ciel-vienne-se-gratter-lui-meme.html)
Mais, prenez-en note : je n'étais pas sérieux… Je faisais une blague, là… Juste un peu d'humour sur le fait qu'il y a toujours moyen s'enorgueillir de sa propre grandeur même si elle est au fond bien modeste… Un clin d'œil au fait que voir grand est une notion bien relative qui dépend du contexte dans lequel cela se fait…
Mais, je vous le dis, je vous le jure, c'était une blague… à ne pas interpréter au premier degré. Lisez-moi bien, là : jamais au grand jamais je n'aurais souhaité qu'un promoteur annonce la construction d'une réplique du gratte-ciel le plus en vue de New York au centre-ville de la métropole centricoise. Juré craché!

Sérieuse mégalomanie

Or, il apparaît que la mégalomanie soit pour d'autres plus qu'un effet de style à connotation humoristique, mais bien un véritable penchant, voire une sérieuse pathologie. C'est qu'en survolant l'édition du mercredi 14 juin 2012 du journal L'Express, j'ai été complètement incrédule d'y lire cet article au titre ronflant : Un projet inédit et colossal: une passerelle au-dessus de la rivière Saint-François (http://www.journalexpress.ca/Actualites/2012-06-12/article-3006540/Un-projet-inedit-et-colossal%3A-une-passerelle-au-dessus-de-la-riviere-Saint-Francois/1).
Ainsi, voilà que des bâtisseurs locaux aux idées de grandeur sans limite quand elles sont financées par les deniers publics – des visionnaires, se décrivent-ils eux-mêmes – voient la nécessité ou à tout le moins la pertinence d'investir dans l'érection d'une passerelle qui deviendrait ni plus ni moins le symbole de Drummondville « comme peut l'être le Stade olympique pour Montréal ou la tour Effel (sic) pour Paris ».
Ce petit bijou, qui relierait les deux rives de la rivière Saint-François (entre le secteur Saint-Joachim-de-Courval d'un côté et la Pointe-aux-Indiens dans la municipalité de Saint-Majorique de l'autre) pour permettre aux amateurs de plein air de profiter plus aisément du cadre magnifique de l'endroit, coûterait la bagatelle de… 19 millions de dollars.
Hein? Combien… de millions? Dix-neuf? Ben voyons donc, il doit y avoir une erreur de frappe dans le journal…

Eh bien non! Dans le texte de l'article, on précise que le montant nécessaire à la réalisation de ce projet (tout à fait sérieux, là) est de 18,9 millions de dollars. (Bof, un p'tit 100 000 $ de plus ou de moins!)
Et ils vont venir d'où les 19 millions convoités? Devinez donc!
Des fonds publics, bien sûr! C'est ainsi « qu’on cherchera à financer [le projet] par des contributions égales des gouvernements fédéral, provincial et de la Ville de Drummondville ».
Je ne sais pas si vous êtes comme moi, mais quand j'entends parler d'un projet qui serait financé à 100 % par des fonds publics – hormis s'il s'agit de projets publics essentiels liés à la santé, à l'éducation ou aux transports, par exemple – j'ai tendance à m'imaginer que ledit projet est peut-être caractérisé par un niveau d'intérêt et d'utilité artificiellement gonflé à l'hélium. Ah oui! Je concède que certains projets culturels innovateurs et marginaux, également, peuvent nécessiter à l'occasion un financement public total faute d'être grand public. Mais une passerelle que des fonds privés ne verraient d'aucun intérêt à financer? Hum… Pas sûr!
Et si, en plus, les promoteurs du projet en question annoncent d'entrée de jeu qu'ils ne comptent que sur du financement public sans même évoquer la possibilité qu'ils feraient un effort - un tout petit, juste pour voir - pour tâter le pouls du côté de la recherche de partenaires privés, là je me dis que les contribuables ont sans doute affaire à un cirque pour lequel ils sont invités à payer seuls et très cher pour aller voir un beau spectacle d'éléphants blancs.
Par contre, ne vous méprenez pas : je n'en ai pas contre le développement d'infrastructures de plein air, mais 19 millions pour une passerelle! Dix-neuf millions de vos taxes et impôts… pour financer une infrastructure, aussi merveilleuse soit-elle, qui serait localisée en pleine forêt? Heeeello! Y a quelqu'un de lucide à l'appareil?
Bon sang, avec 19 millions, on pourrait entreprendre de relier toutes les municipalités de la MRC par une voie cyclable balisée. On pourrait également, comme certaines voix le suggèrent, entamer la construction d'un nouveau pont enjambant la rivière Saint-François (et incluant une voie piétonnière et cyclable) à la hauteur de Saint-Nicéphore, une infrastructure qui engendrerait des retombées positives tant pour l'économie que pour l'environnement.

Pourtant, il y a deux ans...

Autre légère contradiction qui pousse à l'ironie, le directeur général de l'organisme qui veut aujourd'hui nous vendre l'idée de la passerelle qui se rentabiliserait d'elle-même par l'attrait suscité occupait les mêmes fonctions récemment dans l'organisation des Légendes Fantastiques. Lors de l'annonce de la tombée définitive du rideau sur cet impressionnant spectacle de très grande qualité en juillet 2010, après seulement quelques représentations d'une saison dont la vente de billets s'annonçait difficile mais tout de même pas nulle, le DG affirmait à l'époque qu'il aurait fallu tripler la vente de billets pour en assurer la rentabilité (http://www.journalexpress.ca/Culture/2010-07-20/article-1596721/AO-La-Legende-%3A-il-aurait-fallu-trois-fois-plus-de-visiteurs-pour-atteindre-la-rentabilite/1). À l'époque, faute d'achalandage, on a simplement fermé les livres sans lendemain.
Pourtant, aujourd'hui, le même gestionnaire vante la faisabilité du projet de passerelle dans un débordement d'enthousiasme (« On pourrait y traverser la rivière en tyrolienne, utiliser une partie du pilier de départ haut de 54 mètres comme mur d’escalade, prendre de magnifiques photos, faire du vélo, courir, marcher entre Saint-Joachim et Saint-Majorique et ce, douze mois par année » http://www.journalexpress.ca/Actualites/2012-06-12/article-3006540/Un-projet-inedit-et-colossal%3A-une-passerelle-au-dessus-de-la-riviere-Saint-Francois/1) pendant qu'une belle étude de faisabilité – du type dites-moi ce que vous voulez entendre – affirme que le projet sera rentabilisé « grâce à un achalandage élevé qui pourrait atteindre plus de 200 000 personnes annuellement. »
La question plate :
S'il fallait tirer la plogue sur le spectacle AO La fantastique légende après seulement quelques représentations données à l'été 2010, qu'est-ce qui a tant changé deux ans plus tard à Drummondville qui ferait en sorte que les touristes de partout aient un appétit certain pour venir dépenser leurs dollars-loisirs afin de venir fouler notre belle passerelle unique? Et si jamais les prévisions optimistes des promoteurs jovialistes ne se matérialisent pas et qu'on assiste à l'échec financier du projet, on fera quoi avec notre jolie et spectaculaire passerelle construite à grands frais dans le bois?

Pourquoi s'arrêter là?

Tant qu'à y être, je me lance moi aussi dans la promotion d'un mégaprojet inédit. Voilà, je demande formellement à la Ville de Drummondville, à Québec et à Ottawa de financer entièrement mon projet de créer un arc-en-ciel permanent qui s'élèverait à partir de la passerelle magique et dont l'autre extrémité aboutirait – disons – au beau milieu du dépotoir de Saint-Nicéphore (pour égayer la vie des résidents des alentours qui en ont certainement bien besoin). Ça va marcher, croyez-moi! Pourquoi? Parce que je vous le dis!
*Soupir*

Développer en gardant les deux pieds sur terre

Heureusement, dans tout ce débordement mégalomaniaque, des voix s'élèvent pour faire valoir que ce projet n'a pas d'allure. Parmi elles, celle du maire Réjean Rodier de Saint-Majorique, pour qui le projet a beau être intéressant, il n'en demeure pas moins que les 19 millions de dollars requis pourraient trouver meilleure utilité ailleurs (http://www.journalexpress.ca/Actualites/2012-06-13/article-3007297/Projet-de-passerelle%3A-le-maire-Rodier-a-de-gros-doutes/1).
Pour mon humble part, j'espère effectivement que les élus de ma ville feront comme leur homologue de Saint-Majorique et tempéreront un brin les ardeurs des amateurs de passerelle à lunettes roses. Pour dire les choses clairement, quelques camisoles de force ou un point de presse bien senti de la mairesse pour ramener les planeurs dans le monde réel… et hop! Ce sont quelques millions de dollars supplémentaires qui trouveraient une meilleure fin dans le budget municipal.
Dans le cas contraire, l'auteur de ces lignes propose à nouveau de reformuler le slogan de Drummondville, lui qui a déjà donné dans cet art (http://lecentricois.blogspot.ca/2012/03/un-site-qui-pourrait-passer-de-la.html). Ainsi, « Capitale de l'expression et des traditions » pourrait, dans l'éventualité où ce projet verrait le jour tel quel et dans le cadre de financement proposé, être converti en :
Capitale des téteux de subventions qui en fument du bon!
Mais bon, trêve de sarcasme, car je suis convaincu que, dans ce dossier, la raison l'emportera en même temps que le souci d'une bonne gestion des fonds publics…et que ce n'est pas cette fois-ci que Drummondville ravira une parcelle de la notoriété qu'a Montréal pour son stade et Paris pour sa tour.

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Comme je suis bon joueur, malgré ce que vous venez de lire, je vous invite tout de même à aller voir l'impressionnante vidéo de présentation du projet et même à y officialiser votre appui si vous le souhaitez:
Mon nom ne figurera pas sur cette liste, c'est certain. Par contre, qui suis-je pour juger de l'opinion que vous vous ferez de cette idée au fond sympathique quoique fort onéreuse?

vendredi 8 juin 2012

Pris la main dans le sac, le Centricois fait son mea culpa

AVERTISSEMENT – Le texte qui suit a été écrit dans un souci de développement durable des idées et se veut un point de vue partageable, réutilisable ou rejetable (mais pas jetable!). Tout ce que son auteur souhaite, c'est qu'il puisse modestement contribué, telle une simple goutte dans cette mer qu'est la diversité de la pensée, à mettre du sable dans l'engrenage bien huilé du You are either with us or against us qui sépare les clients des supermarchés en deux catégories : l'Axe du mal des utilisateurs de sacs dits jetables et les vertueux qui sont détenteurs d'une collection plus ou moins grande de sacs dits réutilisables.


Depuis que les supermarchés ont réussi à nous convaincre d'acheter leurs sacs réutilisables pour faire un effort dans la préservation de l'environnement, c'est fou comme cette simple action – à bien des égards saugrenue si on la recadre dans son ensemble – a pris une grande place dans la détermination de qui est un citoyen responsable et qui est un pollueur sans vergogne. Maintenant que l'œil inquisiteur de la bonne conscience écologique est braqué sur ce symbole, peut-être est-ce une fausse impression, mais il me semble que les autres sources de pollution et de détérioration de l'environnement ont la vie plus facile. Polluez autant que vous voulez de la manière dont vous voulez, mais convertissez-vous impérativement aux sacs réutilisables au moment d'emballer vos victuailles à l'épicerie, sans quoi vous subirez le courroux des brigades zélées qui mettent tout leur cœur dans le combat contre CE symbole : le sac jetable mal aimé. Car là, il n'y a aucune nuance dans le jugement : hors du sac réutilisable, point de salut! C'est pourquoi je me retrouve irrémédiablement du côté des vilains.
Je possède une automobile sous-compacte qui consomme peu d'essence, qui est munie de petits pneus d'un diamètre de 14 pouces qui demandent donc moins de matière première – du pétrole – à la production. Mon véhicule est muni d'un dispositif d'air climatisé, qui augmente la consommation d'essence notamment, mais je ne l'utilise que lorsqu'il fait très chaud ou sur l'autoroute, histoire de faire un petit effort, sans aucun inconfort, pour réduire ma consommation énergétique. Ah oui! Je travaille à l'extérieur du Centre-du-Québec, donc j'accumule plus de kilomètres au compteur que la moyenne des ours; par contre, je fais du covoiturage avec une collègue – qui possède quant à elle une sous-sous-compacte – de sorte que mon empreinte environnementale s'en trouve quelque peu réduite.
Mais moi, j'utilise des sacs jetables; je suis donc un sale pollueur sans conscience.
Je vis dans une toute petite maison unifamiliale dans un quartier modeste; il est agréable d'y vivre mais, comme je l'ai dit, elle est petite. En couple avec un jeune enfant, bientôt deux, nous ne dédaignerions certes pas pouvoir compter sur un peu plus d'espace habitable un de ces jours. Toutefois, même si j'en avais les moyens, jamais je n'opterais pour l'une des nombreuses monster houses qui poussent un peu partout dans la ville et qui nécessitent notamment des quantités phénoménales de matériaux et de ressources pour lever de terre, sans compter qu'elles occupent de plus grands espaces sur de plus grands terrains qui ont entrainé davantage de déboisement, nécessité le développement accru des infrastructures de service public et encouragé l'étalement urbain. Et j’en passe. Par ailleurs, je ne possède pas de résidence secondaire ni de Winnebago qui engloutissent tout autant de ressources pour des activités justifiables certes, mais secondaires. Bref, le Centricois que je suis n'occupe pas plus de place dans son environnement que ce dont il a réellement besoin ni ne consomme un excès de ressources pour construire et maintenir son habitat familial.
Mais moi, j'utilise des sacs jetables; je suis donc un sale pollueur sans conscience.
Comme activité physique, j'aime beaucoup faire du vélo; la Route verte, j'adore. L'activité physique, c'est incontestablement sain pour le corps et l'esprit, mais pour l'environnement? Pas tout à fait si je compte le nombre de véhicules dans le stationnement d'un centre de conditionnement physique devant lequel je passe fréquemment à vélo. Si on calculait tous les litres d'essence qui ont été brûlés et projetés dans l'atmosphère pour permettre à chaque sportif de converger vers l'endroit afin de pouvoir courir sur un tapis roulant, mon petit doigt me dit qu'on n'arriverait pas à un résultat certifié zéro impact pour l'environnement. En ce qui me concerne, par manque d'intérêt et sans doute aussi parce que je n'en ai pas vraiment les moyens, je me contente de faire du vélo en laissant mon auto dans ma cour.
Mais moi, j'utilise des sacs jetables; je suis donc un sale pollueur sans conscience.
Dans mes loisirs, je ne joue pas au golf sur des hectares de terrain dont la verdure impeccable est gazée aux pesticides. Je n'ai pas d'intérêt pour la course automobile, la motoneige ou la motomarine, qui carburent à l'énergie fossile et dont le bruit assourdissant correspond lui aussi à la définition de ce qu'est la pollution. Comme je n'ai pas de piscine, je consomme à n'en pas douter moins d'eau de l'aqueduc municipal que la plupart de mes voisins. Par contre, j'arrose mon potager et mes fleurs – pas mon gazon – et je confesse que la fin de semaine dernière, après les travaux de jardinage qui avaient laissé leur lot de boue sur le trottoir de l'entrée, j'ai sombré dans le côté obscur en ayant recours au boyau pour nettoyer le tout. Si vous voyez là un abominable sacrilège, n'ayez crainte car une fois n'est pas coutume : vous êtes tout au plus justifié de me retirer votre appui s'il m'arrivait un jour de songer à me lancer dans une campagne pour devenir porte-parole de Greenpeace! Mais bon, vous le savez déjà comme moi que je ne suis pas digne d'aborder avec crédibilité le thème du respect de l'environnement; la raison suprême qui me disqualifie d'entrée de jeu, vous la connaissez!
Moi, j'utilise des sacs jetables; je suis donc un sale pollueur sans conscience.
Je n'utilise à la maison ni herbicides ni pesticides de quelque nature que ce soit pour mon gazon ou mes plantes décoratives. Certains me détesteront en lisant ça, mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise? Un pissenlit, je trouve ça beau. Éminemment plus beau en tout cas que ces petits écriteaux qui sont apposés sur les gazons une fois le doux produit ségrégationniste végétal extrême répandu et qui indique sans subtilité à quiconque qui s'aventurerait à marcher sur lesdits gazons toxiques qu'ils le font à leurs risques pour la santé. Par ailleurs, d'aucuns me trouveront profiteur, car bien que je ne fasse aucune utilisation de tels produits pour avoir un gazon aussi uniforme que le tapis du Stade olympique, j'ai assez peu de pissenlits sur mon terrain, ce qui semble indiquer que je profite gratuitement des bénéfices des herbicides répandus dans les alentours. Mais, trêve d'ironie! Bref, vous me trouverez peut-être simpliste et sans envergure, mais j'ai tendance à vouloir laisser la nature être… naturelle.
Mais moi, j'utilise des sacs jetables; je suis donc un sale pollueur sans conscience.
Également à la maison, je fais l'effort – ce n'est pas un gros effort – pour mettre mes déchets compostables dans le bac brun. À cet égard, à voir le peu de bacs bruns au bord des rues le jour de la collecte, il semble bien que bon nombre de citoyens ne se donnent pas encore cette peine. (Mais, entre vous et moi, mieux vaut que seuls les citoyens sensibilisés participent à cette collecte plutôt que de voir les gens composter à contrecœur en mettant n'importe quoi dans leur bac, ce qui contaminerait ainsi – si ce n’est pas déjà le cas - l'effort de l'ensemble.) Aussi, je prends soin de placer les matières recyclables dans le bac vert, en gardant toutefois toujours à l'esprit et dans mes comportements qu'il est encore davantage bénéfique pour l'environnement de moins consommer à la source et de réutiliser que de recycler.
Mais moi, j'utilise des sacs jetables; je suis donc un sale pollueur sans conscience.

Suremballage de contrition 

Quand je vois un papier par terre sur la voie publique, il m'arrive assez souvent de me pencher pour le ramasser et le mettre dans la poubelle la plus proche. Mais, je n'ai aucun mérite, car je me penche aussi pour ramasser toute pièce de monnaie laissée à l'abandon.
Quand j'ai soif, je bois généralement l'eau du robinet, que je laisse parfois couler un peu avant de remplir mon verre – mea culpa! –, au lieu de boire de l'eau embouteillée qui a nécessité du plastique pour l'emballage et produit des gaz à effet de serre pour son transport.
Quand je trouve une coccinelle dans la maison, voire une araignée – ô horreur! –,  je lui laisse dans la mesure du possible la vie sauve en l'attrapant et je la ramène dehors dans l'espoir qu'elle puisse y refaire sa vie. Quel insensible bourreau serais-je de ne pas accorder cette seconde chance à un insecte qui ne m'a au fond rien fait?
Quand je séjourne dans un hôtel, je me soumets à la suggestion logique de l'hôtelier de conserver ma serviette après la douche pour la réutiliser le lendemain. Après tout, si je considérais que ma propre serviette était sale après avoir été la seule personne à l'utiliser au sortir de la douche, j'aurais une sérieuse autocritique à faire pour prendre conscience que l'éventuelle malpropreté ambiante n'est pas le fait de l'hôtel mais le mien.
Quand j'écoute de la musique, ce n'est jamais à tue-tête. D'une part, parce que personnellement, je n'aime pas ça et que, par conséquent, l'art musical, j'aime mieux le ressentir que le subir; d'autre part, parce que ça ne me donne objectivement rien d'emmerder mes voisins ou les automobilistes qui me côtoient sur la route avec mes choix musicaux que d'aucuns trouveraient assurément fort douteux. Par ailleurs, ça m'attriste de voir que des gens aient besoin de la puissance de leur système de son pour montrer aux autres qu'ils existent; ça a un côté pathétique de voir des individus marquer leur territoire à coups de décibels simplement parce que le code de vie de leur société ne leur permet pas de le faire en levant la patte dans tous les coins.
Quand je circule en auto, je ne rince jamais mon moteur et je n'accélère jamais en trombe. D'ailleurs, j'ai toujours été fasciné par ces types qui ne peuvent s'empêcher de clancher à fond dès que le feu passe au vert… pour se rendre le plus vite possible et devoir freiner à la prochaine intersection dont le feu est encore au rouge. C'est difficile à mesurer, mais de ce geste complètement inutile, j'ai l'impression qu'il émane beaucoup plus de pollution que des quelques sacs jetables que j'utilise quand je sors d'un magasin… et qui me sont utiles, eux. Aussi, je digresse encore, mais admettez que ce comportement en révèle un brin sur les facultés mentales d'un conducteur qui circule sur une artère de sa ville qu'il emprunte fréquemment et dont les feux de circulation sont synchronisés! Malheureusement pour moi, l'agressif au volant a un avantage que je n'ai pas : il peut laver sa conscience coupable de polluer inutilement par son usage frénétique de la pédale d'accélération en prenant soin de stocker quelques sacs dits réutilisables dans son coffre arrière. 
Alors que moi, j'utilise des sacs jetables; je suis donc un sale pollueur sans conscience.

Tant qu'à y être! 

Vous aurez remarqué que j'ai écrit « sacs dits réutilisables ». C'est que mes sacs à moi, on a beau les affubler de la vilaine épithète de jetables, il demeure qu'ils sont eux aussi tout à fait réutilisables. Et c'est ce que je fais, je les réutilise dans toutes sortes d'usages où ils sont par ailleurs à l'occasion fort durables. Et à la fin de leur vie utile, ils sont recyclables ou en effet jetables, occupant incidemment peu de volume au dépotoir dans ce dernier cas.
Là, j'entends des voix outrées qui s'élèvent pour me dire que les sacs jetables se retrouvent un peu partout dans l'environnement, dans les rues, dans les rivières, dans l'estomac de telle grenouille, autour du bec de tel oiseau, etc. Hey! Les amis… Ce ne sont pas les sacs le problème, ce sont les utilisateurs. Si on veut empêcher les sacs de se retrouver partout, ce n'est pas aux sacs qu'il faut s'attaquer, c'est aux comportements des irresponsables qui s'en débarrassent aux quatre vents. Personnellement, je peux vous assurer la main sur le cœur que, tant qu'ils sont en ma possession, il est impossible que mes sacs jetables à moi initie leur odyssée dans l'environnement pour finir par être digérés par une grenouille.
Sinon, tant qu'à y être, pourquoi pas ne pas faire subir à d'autres objets nuisibles le même opprobre public que ces vils et malicieux sacs jetables?
La prochaine personne que vous croiserez mâchant de la gomme, toisez-la de votre regard le plus assassin pour lui faire comprendre que ce qu'elle mâche est le mal incarné et qu'elle se fait donc solidaire de la chique molle qui s'est retrouvée sous votre semelle un jour où vous marchiez sur le trottoir en regardant les oiseaux. Encore mieux : initiez votre lobby pour faire pression sur le gouvernement afin que soit adoptée la même législation qu'à Singapour interdisant la gomme à mâcher sous peine de lourdes amendes. (http://app.www.sg/faq.aspx?cat=20)
Même chose pour la cigarette, ce ne sont pas les fumeurs qui sont responsables de jeter leurs mégots un peu partout. Ô que non bien sûr! C'est la cigarette elle-même qui insiste pour finir sa vie en jonchant le sol. Et que dire de la culpabilité crasse de la salive des cracheurs invétérés qui garnit nos trottoirs ou de celle des Kleenex qui remplissent sans scrupules et en toute impunité nos corbeilles dès que la saison du rhume et des nez morveux arrive.

Des marchands qui se déculpabilisent sur le dos de leurs clients

J'ironise, mais je trouve insultant que les chaines de supermarché dont les rayons débordent de produits suremballés viennent me faire de facto la morale quand j'arrive à la caisse en me vendant les sacs qui me serviront à transporter les marchandises que je viens d'y acheter.
Par exemple, l'autre jour, dans un étalage, il y avait des concombres anglais dont le prix affiché était pour 3. Eh bien, lesdits concombres étaient préemballés… en paquet de 3, en plus de leur emballage individuel bien sûr. Emballage complètement inutile mis à part pour venir en aide à la clientèle ayant de la difficulté arithmétique avec les multiples de 3.
Par contre, à l'opposé, une fois à la caisse, c'est l’approche « arrangez-vous ou payez, bande de méprisables clients gaspilleurs » qui est appliquée! Ainsi, vos trois concombres emballés individuellement ET réemballés par trois, vos produits frais en barquettes de polystyrène, votre tube de dentifrice emballé dans une boite en carton, vos emballages individuels de toutes sortes, etc., produiront bien davantage de déchets – de matières recyclables devrais-je dire – que le maigre sac jetable dont vous auriez besoin pour les transporter. Mais c'est CE sac que le supermarché vous facturera 5¢ en signe de ticket modérateur pour contrer VOS habitudes de pollueur et c'est VOUS que la dame qui vous suit dans la file à la caisse regardera avec un air de dégoût ou désapprouvera ouvertement en blâmant votre génération d'irresponsables pour la destruction de la Terre. Attention! C'est cette même dame qui pourrait, avec sa grosse berline énergivore, vous éclabousser en roulant trop près du trottoir alors que vous retournerez à pied à la maison, l'air penaud, votre sac de la honte à la main. (Note : ce n’est pas par misogynie que j’ai utilisé l’exemple d’une dame, c’est plutôt qu’à chaque fois que j’ai été témoin dans un commerce de quelqu’un qui manifestait sa désapprobation en tiquant ou en commentant ouvertement, ce quelqu’un était une dame. Simple statistique non scientifique qui ne me fait croire en rien qu’un sexe en particulier soit le détenteur exclusif du radicalisme écolo à cinq cennes.)
Cela dit, je ne suis pas contre la vertu et j'ai moi-même quelques sacs réutilisables dans mon coffre. Ce contre quoi j'en ai, c'est l'extrémisme, voire le totalitarisme, manifesté dans la guerre aux sacs jetables sous des prétextes de bonne conscience, alors qu'en réalité, tout cela n'est qu'un montage pour ravir tant les commerçants qui diminuent ainsi leurs coûts d'exploitation que les fabricants de ces jolis sacs dits plus verts qui font des affaires d'or. Comme en toute chose, rien n'est jamais ni complètement noir ni complètement blanc; lorsqu'il est soumis à l'épreuve des faits, le vert aussi peut pâlir! (Voir http://legrandmensongevert.ca/2011/02/10/le-cas-des-sacs-reutilisables-nuisance-ou-solution/)

Une conscience écolo bien rentabilisée

Concrètement, ce que je veux dire, c'est qu'avec le temps, la raison d'être écolo de ces mesures pour réduire la consommation de sacs jetables a fini par se transformer en raison d'être économique. Maintenant que le commerçant est parvenu à obtenir la légitimité pour vous exiger le paiement de 5¢ pour un sac jetable, je vous parie qu'il préfère de loin que vous achetiez des sacs plutôt que vous apportiez vos sacs réutilisables. D'ailleurs, dans mon quartier, la culpabilité semble avoir fait son temps et le recours aux sacs jetables a regagné du tonus. A supermarché du coin, la majorité des clients que j'ai croisés à la caisse lors de ma dernière visite ressortait avec ces sacs (1, 2, 6 ou 8 selon la taille de la commande), au grand bonheur du commerçant j'ose l'imaginer.
Vous trouvez que j'exagère? Afin d'illustrer modestement mon propos, je vous partage une tranche de vie qui est un exemple concret du caractère artificiel de l'argument écolo, de mon impression que ce dernier n'est qu'un prétexte pour justifier la nouvelle valeur économique – le prix – de cet outil légitime pour transporter vos achats.
Il y a quelque temps, je me suis rendu dans un supermarché dont je tairai le nom, mais où le Président nous propose fièrement ses choix, pour acheter un ou deux articles qu'il me manquait pour une recette. Comme c'est une habitude incorrigible chez moi, une fois à l'intérieur, j'ai fait quelques ajouts impulsifs que j'ai ajoutés dans le petit panier à main dont j'avais pris soin de me munir à l'entrée. Évidemment, comme ces achats supplémentaires étaient imprévus, j'avais laissé mes sacs réutilisables dans la voiture.  « Pas bien grave! », me suis-je dit en songeant que j'avais simplement à apporter mes articles dans le panier jusqu'à ma voiture et à les y transférer dans un sac.
Alors que je remettais les articles dans le panier en plastique après les avoir payés, la caissière m'a dit d'un ton sec quoique pas outrageusement impoli : «Monsieur, le panier, y reste ici! », ce à quoi j'ai répondu poliment : « Non, j'en ai encore besoin ». Et je me suis dirigé vers la porte en kidnappant le panier en question…
S'en est suivi ce court et direct échange approximatif qui m'aura valu un air bête notoire – mais pas unique venant d'une caissière de cette bannière – et au terme duquel j'ai commis un acte digne de la plus perfide désobéissance civile :
                « Monsieur… MONSIEUR… Vous devez laisser le panier ici.
                - Madame, j'en ai besoin pour apporter mes affaires.
                - On a des sacs; c'est pour ça qu'on en vend!
                - Mais je n'en veux pas de sacs, j'en ai déjà.
- Monsieur, ces paniers-là, y vont pas dehors!
- Y vont pas dehors? Eh bien, regardez-le celui-là : il va y aller! »
Et il y est allé…
Un dernier regard à la caissière fulminante et hop, je concrétisais l'évasion dudit panier que j'avais sournoisement fomentée en voulant par un geste anodin éviter de me servir de sacs jetables dont je n'avais pas besoin. Rassurez-vous, le journal L'Express n'a pas eu à publier d'avis de recherche pour le panier en fuite, qui est selon toute vraisemblance rentré au bercail sans heurts.
Ce que cet épisode somme toute insignifiant m'a enseigné, c'est à quel point les grandes bannières d'alimentation, au-delà de l'image écologiquement responsable que cela leur procure, n'en ont rien à cirer de vos petits gestes à vous pour éviter la consommation inutile. Vous me direz peut-être que je ne vous apprends rien et que c'est le nerf de la guerre du commerce dans notre société de consommation que vous vous procuriez des choses dont vous n'avez pas besoin… à condition que ce soit vous qui les payiez et pas le commerçant qui vous les offre bien sûr. Si c’est le cas, c’est déprimant, voire répréhensible!

Transporter ses achats en fuyant le mépris

Personnellement, j'applique depuis déjà quelque temps une règle personnelle à mes comportements de consommateur. Si, en tant que commerçant, vous me méprisez au point de ne pas m'offrir un sac pour transporter adéquatement la marchandise que j'ai achetée chez vous, j'irai ailleurs. Et comme les grandes bannières de supermarché telles IGA, Metro et Loblaws n'ont pas le monopole dans le secteur de l'alimentation, les contourner s'avère relativement aisé. (À cette liste de vendeux de sacs à cinq cennes, j’ajoute Zellers et Pharmaprix qui me viennent en tête, mais n’hésitez pas à ajouter les noms que j’oublie afin de rendre la liste la plus exhaustive possible.) En fait, je ne les boycotte pas, je m'en sers plutôt maintenant uniquement comme dépanneur; ça me fait moins de points M ou d'Air Miles à la fin du mois, mais le sacrifice en vaut la chandelle pour éviter d'avoir à jongler avec mes légumes dans le stationnement si par malheur je décide de me laisser gagner par la tentation du moment  et d'en acheter plusieurs. Et moi, je peux me vanter que dans les dépanneurs où je vais, il y a de la variété à revendre!
Pour le reste, j'assume pleinement mon choix d'être vu – à tort – comme un irresponsable malappris, comme un suppôt du gaspillage. J'utilise raisonnablement les sacs jetables, je le sais, et je continuerai à le faire. Mais, si vous me faites des gros yeux, j'accepterai de bonne guerre de m'incriminer de ma mauvaise conscience en me confessant :
« Oui, j'utilise des sacs jetables; je suis donc un sale pollueur sans conscience. »


mercredi 6 juin 2012

Le Plateau Saint-Nicolas bientôt accessible aux piétons



À Drummondville, si vous empruntez la rue Saint-Damase à partir du boulevard Lemire et que vous vous rendez jusqu'au bout vers l'ouest (en direction de la 55), vous parviendrez au coeur d'un nouveau quartier dont le développement est récent - voire se poursuit: le Plateau Saint-Nicolas.

Pour répondre à un boum de construction résidentielle, toutes les rues de ce quartier ont été tracées récemment dans ce qu'il n'y a pas si longtemps servait encore de pâturage à vaches.

Récemment pavée dans sa portion qui traverse le quartier (un court segment il y a tout juste deux ans), la rue Saint-Damase est le théâtre d'actuels travaux importants.

C'est que, bien que le quartier soit à forte densité résidentielle et familiale, bien qu'il était prévisible depuis fort longtemps, puis officiellement prévu, qu'une école primaire (l'école Aux Quatre-Vents) serait construite à proximité pour répondre à la demande, bien que la rue Saint-Damase soit l'accès principal aux nombreuses rues du Plateau Saint-Nicolas et que le trafic automobile y est important, il n'a pas été prévu par les autorités municipales de rendre cette rue accessible et sécuritaire pour les piétons.

Or, voilà que la Ville allume et décide enfin qu'un trottoir serait approprié le long de cette voie qui ne comptait jusque là qu'une bordure en ciment de chaque côté.

Cette infrastructure sera certainement appréciée par les citoyens du quartier, mais on ne peut pas dire que ce soit un coup de génie côté planification de la part du Service des travaux publics.

Tous les aménagements résidentiels récents en bordure de la rue, les gazons, l'asphalte des entrées, etc. se voient ainsi balafrés du fait que la construction essentielle d'une voie de circulation sécuritaire pour les piétons n'avait pas été envisagée lors de la conception initiale de la rue.





Bref, si la Ville de Drummondville se mérite une mention pour l'amélioration de la sécurité sur la rue Saint-Damase, il en est autrement pour la planification.