mardi 12 février 2013

Des garderies privées non subventionnées qui manifestent sans se priver


En me levant ce matin, RDI annonçait dans ses manchettes la manifestation à Québec des garderies privées non subventionnées.

Ma fille va dans l'une de ces garderies, alors voilà comment j'ironise la chose.
 
Extrait de conversation entre un père et sa fille:
"Ce matin, Cocotte, on ne va pas à la garderie: elle est fermée à cause de Pauline. (Note: Cette affirmation de papa est totalement démagogique mais bon, c'est ce qui sera galvaudé dans les médias par les manifestants à Québec de toute façon.)
-Ah oui papa? Pis à cause de Jean Charest aussi, hein?
-Oui, Cocotte, à cause de Jean Charest aussi!" (Ça c'est ma fille!)

... Et la conversation aurait pu se poursuivre ainsi:
"Et nous, papa, on ne va pas manifester?
-Non, parce que nous, les garderies à 7 dollars mur à mur, on est pas convaincus que c'est la solution. Qu'en pense-tu, Cocotte: d'après toi, un système boiteux va-t-il l'être moins si on l'élargit? Tu vois, ma fille, ici au Québec, le gouvernement est sollicité pour TOUT. Si quelque chose ne fonctionne pas bien pour quelques-uns, au lieu de remettre en question le modèle, tu trouveras toujours des gens pour réclamer à cor et à cri qu'il faut généraliser l'aberration à toute la population.
Aussi, tu remarqueras que chez nous, les manifestations n'engagent pas grand-chose de la part de ceux qui la font. Ainsi, pendant que ta garderie est fermée pour permettre à ceux qui le jugent à-propos de manifester à Québec, ton papa, lui, se voit facturer une journée de garde quand même pour un service que tu ne recevras pas. Cette journée de garde imaginaire, elle, sera quand même soumise au paiement de la subvention gouvernementale pour les frais de garde que ta maman reçoit via sa déclaration de revenus.
Donc, concrètement, au Québec, le gouvernement finance ceux qui organisent des manifestations contre LUI. Si ce n'est pas de la bonne gouvernance, ça ma fille, c'est à tout le moins de la gouvernance bonasse..."

C'est que j'ai reçu cette note au bas du calendrier de février de la garderie:

* Vous êtes déjà au courant que la garderie sera fermée la journée du 12 février en raison de la manifestation à Québec dans le but d’obtenir nos places subventionnées. Ce n’est pas de gaieté de cœur que nous allons passer la majeure partie de notre journée à Québec à braver le froid pour tenter de convaincre la Ministre Marois. Ce geste, nous le faisons également pour vous (sic). C’est pourquoi cette journée est payable. Seuls les parents qui qui participeront à l’évènement seront exemptés de payer leur journée.

Concrètement, je suis donc obligé de participer à ce moyen de pression, soit en étant un bon parent et en me rendant à Québec pour manifester, soit en devant payer quand même la garderie pour des services que je ne reçois pas.

Dans le monde des garderies au Québec, l'expression "avoir le beurre et l'argent du beurre" est une réalité savamment mise en application.


Épilogue

Au fond, je ne paye pas tant que ça, étant donné que le gouvernement du Québec me rembourse via un crédit d'impôt environ les trois-quarts des frais de garderie, y compris cette journée payée sans que ma fille soit admise à la garderie.

Aujourd'hui, les garderies qui ont manifesté à Québec l'ont fait ENTIÈREMENT aux frais des usagers de leurs services et du gouvernement qui les financent. Entre ça et faire la révolution un verre de champagne à la main, il n'y a qu'un pas. C'est un peu comme si les étudiants, lors des manifestations de l'an dernier, avaient exigé du gouvernement la reconnaissance de la réussite des cours auxquels ils n'ont pas assisté du fait qu'ils étaient dans la rue à revendiquer.

Je vous lance un défi: trouvez-moi un autre endroit dans le monde qu'au Québec où le gouvernement finance avec des fonds publics des activités de mobilisation contre ses propres politiques.

C'est misérable de vouloir le beurre et l'argent du beurre et d'ainsi revendiquer publiquement quoi que ce soit en s'assurant de garder ses fesses bien confortablement installées dans la ouate, sans ne prendre aucun risque.

Only in Quebec.