jeudi 6 décembre 2012

Signes précurseurs (et fantaisistes) de la légalisation de la marijuana dans le Washington

J'ai de la boucane dans mes barniques
La langue me pique en tabarnique
La fumée me sort par les trous de nez
Comme par un tuyau de cheminée

C'est à compter d'aujourd'hui 6 décembre 2012 que les citoyens de l'état de Washington peuvent joindre les paroles de cette chanson de Robert Charlebois (Ô cannabis) à l'acte, et ce en toute tranquilité d'esprit. En effet, cet état du nord-ouest américain va de l'avant avec la légalisation de la marijuana, décision entérinée par la population à l'issue d'un référendum tenu à l'occasion des élections du mois dernier. (http://www.radio-canada.ca/regions/colombie-britannique/2012/12/05/008-legalisation-marijuana-washington.shtml)

Personnellement, je suis on-ne-peut-plus d'accord avec ce choix collectif. Mais, ne vous méprenez pas sur les motifs de ma sympathie; le Centricois vous l'affirme solennellement: il n'a JAMAIS fumé de marijuana de toute sa vie.

Voilà un aveu qui risque de le desservir si jamais un jour il entretenait l'espoir d'occuper une fonction du service public. C'est que, entre vous et moi, dans un contexte - culturel? - où un homme qui a déjà avoué avoir consommé de la cocaïne alors qu'il occupait un poste de ministre peut se voir nommer Délégué général du Québec à New York, comment le nom d'un type qui n'a jamais fumé de mari pourrait-il seulement être envisager pour faire quoi que ce soit au service de l'État? Mais bon, ça, c'est un autre dossier...

Pour en revenir à la légalisation du pot dans l'état de Washington, je voudrais attirer votre attention sur une tranche de ma vie qui démontre hors de tout doute que cette révolution des moeurs était prédestinée à se produire dans ce coin de pays.

Adolescent, l'auteur de ces lignes a vécu un certain temps dans le nord de la Californie, où si vous préférez dans le mythique état de Jefferson*, une entité politique qui n'apparait pas sur les cartes, mais qui existe dans bien des coeurs et des esprits. (Il y a fort à parier que j'aborderai ici un jour le thème de l'état de Jefferson, que je trouve fascinant!) (http://en.wikipedia.org/wiki/Jefferson_(Pacific_state)

D'entrée de jeu, vivre son quotidien sur le territoire d'un état américain (le 51e) qui n'existe pas est une porte ouverte au préjugé qu'il faut vraiment en fumer du bon pour planer autant sur de telles chimères politiques.

Mais le potentiel de cabotinerie ne s'arrête pas là!

Là-bas, j'ai habité dans une toute petite et charmante communauté du nom de Seiad Valley. Au départ, le nom, qui origine d'une langue amérindienne, s'écrivait SCIAD. Mais, la petite histoire veut que le maître des postes de l'époque (autour de 1867), en rédigeant sa demande pour obtenir son tampon pour étamper les lettres, aurait rempli le formulaire négligemment, de sorte que la U.S. Postal Service a interprété qu'il s'agissait d'un E plutôt que d'un C et a émis l'objet orthographié SEIAD.

Ça explique pourquoi un nom écrit aussi bizarrement se prononce ainsi. Mais, ce que l'histoire n'explique pas en revanche, c'est ce que pouvait bien avoir mis le maître des postes dans ses muffins pour en arriver à écrire si mal, d'une part, et laisser passer une telle erreur pour la postérité par la suite.

Non, l'histoire ne dit pas pourquoi on a préféré changer le nom officiel de la communauté pour toujours plutôt que de faire changer le tampon erroné. Mais, cette erreur à saveur psychédélique, qui soit dit en passant est survenue dans une région où circulent également dans les forêts le mystérieux Bigfoot selon de nombreux témoignages (!), sert ici mon propos fantaisiste. 
Et ça ne s'arrête pas là. La municipalité voisine où se trouve le high school régional où j'ai étudié est éthymologiquement parlant le siège même du bonheur: Happy Camp! Il me semble évident qu'en entendant ce nom, vous vous dites qu'Happy Camp est à coup sûr un hameau où l'herbe est plus verte qu'ailleurs!

Mais, d'autres habitants du comté de Siskiyou n'allaient se laisser impressionner par un tel hommage toponymique aux effets du tabac qui fait rire.

Ainsi, la région compte également le village de McCloud, sorte de croisement entre le résultat de la combustion de la substance (cloud = nuage) et le préfixe du fast food où le consommateur de cannabis assouvit son trip de bouffe a posteriori.

Puis, il y a cet autre lieu qui, lui, ne nécessite aucune mise en contexte. À quelques kilomètres de McCloud, le curieux trouvera également sur la carte le village de... Weed (littéralement «Herbe»)!

Enfin, il existe un dernier exemple délirant (mon préféré!) qui démontre avec toute la crédibilité du monde que les bâtisseurs du coin avaient tous les traits des précurseurs des acteurs actuels de la légalisation de la marijuana dans le Washington un peu plus au nord. Cet exemple, c'est celui de la capitale de l'état de Jefferson, à savoir la ville d'Yreka.

Comment Yreka - appellation originale et aventure de prononciation s'il en est une! - a-t-elle hérité de son nom pour le moins singulier? Voici l'anecdote: un jour, un étranger qui arrivait dans ce camp isolé et naissant vit l'enseigne d'une boulangerie-pâtisserie (en anglais BAKERY) qui trainait quelque part en attente d'être installée. Son point de vue faisait en sorte qu'il ne voyait pas le B et que les autres lettres lui apparaissaient à l'envers. Il figura donc que ce mot, YREKA, était le nom de l'endroit, ce qui plut aux autres hommes du camp qui l'utilisèrent par la suite! 

... Ayoye! Avouez que vous êtes aussi impressionné que je le suis! Si après ça, vous n'êtes pas convaincu qu'il y a quelque chose dans l'air montagneux de l'ouest américain qui augmente la propension à vouloir légaliser la marijuana, j'abdicte à essayer de vous convaincre!

Cela dit - sérieusement cette fois - j'espère que cette initiative de l'état de Washington sera un succès, non pas que je sois un partisan de l'encouragement à la consommation de cannabis, mais je suis sans contredit pour la décriminalisatioin et pour la responsabilisation.

En attendant l'apparition d'une telle législation chez nous, il faut souligner ce Jour 1 de légalisation de la marijuana dans l'état de Washington et souhaiter qu'il changera pour le mieux l'histoire et les moeurs.

* * * * *


* La partie nord de la Californie – et le sud de l'Oregon – est connue sous le surnom de Jefferson State. C'est que les gens du nord de la Californie et du sud de l'Oregon se sont toujours sentis mal servis par Sacramento et Salem, alors était né un projet de sécession de la Californie pour créer un nouvel état: le Jefferson.
Pourquoi ça ne s'est pas fait? Au moment où on s'apprêtait à proclamer la naissance de ce nouvel état est survenu un évènement qui a tué le projet en attirant les efforts ailleurs: l'attaque de Pearl Harbor.
On voit le drapeau de Jefferson State flotter à l'occasion dans cette région.


mercredi 28 novembre 2012

Une bougie à souffler pour le Centricois

En effet, c'était il y a un an déjà, le 28 novembre 2011, que votre humble Centricois publiait ici un premier texte qui avait pour sujet l'École aux Quatre-Vents de Drummondville. Vous ne vous rappelez pas de ça? Rassurez-vous, la vie vaut la peine d'être vécue sans ce souvenir.

N'empêche que ce billet fut la bougie d'allumage de ce blogue et, une soixantaine de messages aux thématiques des plus diverses plus tard, prendre le temps de boucler cette première année est un prétexte propice pour tracer un bref bilan via quelques statistiques.

D'abord, notons que c'est en mars dernier que le clavier du Centricois a été le plus actif, avec la publication de 11 messages dont la plupart furent parmi les moins lus (Haha!): un Centricois prolifique mais low profile! Ébauche d'explication: c'est en avril que j'ai notamment abordé quelques-uns de mes souvenirs de voyage de février au Mexique, des thèmes d'un intérêt public limité, j'en conviens.

Côté popularité, un petit conseil si vous tenez un blogue et voulez augmenter le nombre de vos lecteurs, écrivez quelque chose de négatif au sujet de la CAQ. Ainsi, mon «Pourquoi je ne voterai (finalement) pas pour la CAQ» (7 août 2012) est de loin le texte ayant suscité le plus d'intérêt ici, ceci étant dit d'un point de vue tout à fait objectif, car mon objectif était de partager mes réflexions sur mon choix électoral à faire le 4 septembre dernier, en aucun temps à faire du CAQ-bashing facile, une activité qui a la cote, sur Twitter notamment.

C'est que le même auteur - toujours en août - s'est également commis deux fois plutôt qu'une au sujet du PQ, mais sans grand succès de lectorat.

En termes de statistiques de visites, mon texte du 22 décembre 2011 au sujet de la rétrogradation de la lectrice de nouvelles de LCN Mélissa François mérite également une mention.

Bien sûr, certains de mes textes ont suscité un trafic quasi nul. Lesquels? Bof, c'est sans intérêt, l'indifférence étant sans doute le meilleur juge de leur qualité et de leur pertinence à être cités.

Globalement, le mois où http://lecentricois.blogspot.ca/ a été le moins fréquenté fut février 2012, le mois de mon passage à Querétaro notamment, alors que celui qui a suscité le plus d'intérêt fut sans contredit le mois d'août dernier, bonifié par la campagne électorale québécoise.

Pour le reste, après une année complète à publier ici à l'occasion mes réflexions diverses au sujet de tout et de rien, force est d'admettre que le blogue du Centricois suscite en général un intérêt public fort limité. Cela étant dit, tant que l'exercice demeurera amusant et que le temps et l'inspiration le lui permettront, l'auteur de ces lignes continuera à venir ici verser quelques lignes sur tout et sur rien, le bilan de l'exercice au plan personnel étant positif. Par contre,, la vie quotidienne étant ce qu'elle est, c'est-à-dire bien remplie, il y a fort à parier que mes grains de sel saupoudrés ici seront plus épars à l'avenir, comme c'est déjà le cas depuis quelque temps.

Amis lecteurs, en guise de remerciement pour votre intérêt, je souffle avec joie cette première bougie...

Merci.

Le Centricois

Ouverture du Grand Marché, ou quand Wickham devient le centre du Centre-du-Québec


Si, en me lisant, notamment au sujet du carrefour giratoire (http://lecentricois.blogspot.ca/2012/10/pour-un-carrefour-giratoire.html), vous avez trouvé que j'avais des idées de grandeur assaisonnées d'un soupçon de naïve mégalomanie, j'ai des p'tites nouvelles pour vous: je ne suis pas le seul à être inspiré par l'air vivifiant qui circule sur le Centre-du-Québec.

 Et j'ajouterai que je suis même un junior en la matière...

Tout cela pour vous relayer que c'est demain l'ouverture du Grand Marché de Wickham dans l'édifice qui a successivement abrité les défuntes usines Skiroule, Peerless et Beaulieu Canada de Wickham.

Wickham deviendra-t-il le Royaume du bonheur pour les familles centricoises et québécoises en général, un emblême régional au coeur du village natal de votre humble Centricois?

La suite reste à écrire...

En attendant, voici comment d'autres abordent cette ouverture officielle:

http://www.lametropole.com/article/affaires/la-reussite/le-vrai-village-de-nathalie-simard

http://www.journalexpress.ca/Actualites/2012-11-26/article-3128120/Le-Grand-Marche-de-Wickham-voit-le-jour/1

* * * * *


Liens:

Publicité YouTube - Le Grand Marché de Wickham: http://www.youtube.com/watch?v=UnCP7Ikthsg&feature=relmfu

Site officiel embryonnaire: http://legrandmarchedewickam.com/
http://www.youtube.com/watch?v=UnCP7Ikthsg&feature=relmfu

lundi 12 novembre 2012

Préservation de la vocation du site des Légendes: Drummondville voit juste!

En mars dernier, j'avais exprimé ici un désaccord teinté de cynisme devant la possibilité que le site des Légendes fantastiques soit converti en spa urbain. (http://lecentricois.blogspot.ca/2012/03/un-site-qui-pourrait-passer-de-la.html)

Mais, qu'en est-il après plus d'un semestre de ce projet délirant qui aurait privé la communauté centricoise d'installations à vocation culturelle d'envergure?

Eh bien, l'Express rapporte maintenant que le conseil municipal n'a pas l'intention de retenir cette option: «L’idée d’organiser des événements sur le site des Légendes fantastiques a été préférée au projet du spa nordique urbain.» L'article rapporte en outre que le projet de spa urbain est toujours le bienvenu, mais ailleurs sur le territoire.

L'auteur de ces lignes a parfois écorché légèrement ici les choix des autorités de la Ville dans quelques dossiers - si peu souvent! - mais dans ce dossier, celui-ci s'incline volontiers pour reconnaître que le conseil municipal a fait le bon choix en souhaitant maintenir la vocation culturelle et artistique de ce site magnifique. Bravo!

À la bonne heure!

Voir l'article de l'Express sur le sujet: http://www.journalexpress.ca/Actualites/Actualites-locales/2012-11-10/article-3118103/Site-des-Legendes-%3A-un-comite-est-forme-pour-presenter-des-recommandations-a-la-Ville/1

lundi 29 octobre 2012

Pour un carrefour giratoire à Drummondville

En juin dernier, après que j'aie affirmé ici que le projet de passerelle au-dessus de la rivière Saint-François était un rêve mégalomaniaque destiné à un échec de rentabilité et d'utilité certain (http://lecentricois.blogspot.ca/2012/06/la-passerelle-au-dessus-du-gouffre.html), certains parmi vous ont dû penser, secrètement ou non, à quel point je suis un être rabat-joie, un pisse-vinaigre sans aucune envergure.

Pourtant, j'ai également à mes heures des idées de grandeur, le Centre-du-Québec étant après tout, comme son nom l'indique, une sorte de carrefour autour duquel gravitent le Québec et, n'ayons pas peur des mots, la Voie lactée.

C'est dans cette optique que je fais ici en quelque sorte mon coming out visionnaire en ce qui a trait à une infrastructure novatrice, utile et esthétique - de nature même à contribuer à la notoriété et au rayonnement de Drummondville - qui m'ait apparu en songe pour le réseau routier de la métropole centricoise: l'aménagement d'un carrefour giratoire.

Je n'élaborerai pas au sujet des divers avantages d'une telle structure pour la sécurité et la fluidité du trafic notamment, Transports Québec le faisant déjà fort bien dans son site web: http://www.mtq.gouv.qc.ca/portal/page/portal/entreprises/camionnage/reseau_routier/carrefours_giratoires

Évidemment, cet aménagement requerrait des automobilistes un effort de rééducation et une période d'adaptation pour apprendre à négocier adéquatement cette éventuelle intersection dotée d'un carrefour giratoire. Par contre, je suis convaincu que les avantages seraient beaucoup plus nombreux que les inconvénients qui, eux, seraient de toute façon pour la majeure partie temporaires.

Puis, l'îlot central servirait, lui, à bonifier l'image de marque de Drummondville et même peut-être en devenir le symbole, car bien qu'il soit possible de se contenter de n'ériger qu'un carrefour giratoire quelconque, il y a aussi l'option d'en faire une croisée des chemins unique et remarquable.

Et à quelle intersection ce carrefour giratoire drummondvillois devrait-il être érigé? La meilleure option serait à mes yeux l'intersection du boulevard Saint-Joseph et de la rue Saint-Pierre. Pourquoi? D'abord parce qu'il s'agit d'une rare intersection où l'aménagement ne nécessiterait pas (ou très peu) de démolition d'immeubles ni d'expropriation pour la conception des emprises, un parc municipal - le parc Bernard-Pinard - bordant les deux rues à cet endroit. Aussi, parce que cette intersection, déjà légèrement problématique à certains égards pour la circulation (sur Saint-Pierre en provenance de l'ouest), gagnerait de ce réaménagement en ce qui a trait à la fluidité du trafic. Aussi, que l'on arrive de l'extérieur par la 20 ou la 55, ce carrefour est ni plus ni moins la porte d'entrée vers le centre-ville pour les visiteurs. Enfin, à l'heure actuelle - n'ayons pas peur des mots - le plus gros de tout ce qui se fait à Drummondville comme amélioration des infrastructures prend forme dans le secteur de l'autoroute 20; un aménagement routier important ailleurs ne serait donc pas à dédaigner.

L'autre possibilité, sensiblement en raison des mêmes arguments, serait l'intersection des boulevards Saint-Joseph et Jean-De Brébeuf, où la présence du parc Saint-Aimé offre un peu d'espace de réaménagement. À cet endroit, un carrefour giratoire permettrait en outre de ralentir le flot des véhicules, puisqu'il s'agit là d'une zone scolaire à l'approche de laquelle peu d'entraves ne contraignent actuellement les automobilistes à réduire leur vitesse.

Le projet est-il réaliste? Quels en seraient les coûts? Je n'en sais rien, étant donné que je n'y connais personnellement rien. Par ailleurs, peut-être vois-je trop grand et qu'un aménagement de ce type gagnerait plutôt à être conçu ailleurs, à l'intersection de rues drummondvilloises à voie simple? Des suggestions?

Ici, mon objectif ne consiste qu'à lancer l'idée, une vision très sommaire qui a impérativement besoin d'être analysée, peaufinée et débattue avant de devenir un véritable projet.

À votre avis, l'aménagement d'un carrefour giratoire à Drummondville serait-il souhaitable? Y a-t-il des arguments majeurs pour ou contre une telle structure routière que j'aurais omis de prendre en compte? Qu'en pensez-vous?

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Liens:
Transports Canada - Carrefour giratoire à voies multiples: http://www.tc.gc.ca/fra/securiteroutiere/tp-tp15085-1203.htm

CAA Québec: http://www.caaquebec.com/DocumentLibrary/UploadedContents/RadFiles/Salle_de_presse/Carrefours-giratoires-FR.pdf

Association des transports du Canada: http://www.tac-atc.ca/english/resourcecentre/readingroom/conference/conf2004/docs/s12/marquis-f.pdf

mercredi 19 septembre 2012

Le roi n'est pas mort, vive le nouveau Roi!

Avec un prénom pareil, mon fils sera à coup sûr de bon conseil.

Que vous mangiez en glouton du dessert ou que vous vouliez vous embarquer pour la mer, il aura toujours le bon mot pour vous dire quoi ne pas faire.

Mais, si vous vous avisez de fréquenter un célèbre débit de boissons de la Grande Allée, assurez-vous de convenablement vous habiller.

Et si, par malheur, il s'avisait d'omettre de sonner les cloches matinales, vous pourrez lui signaler qu'il faut être royalement culotté pour dormir ainsi en faisant la grasse matinée...

jeudi 30 août 2012

Fable électorale pour contrer le vote stratégique

Au Québec, jamais aura-t-on autant parlé de vote stratégique. Pour le Parti Québécois, c'est même devenu le nerf de la guerre. Dans son ultime campagne publicitaire à la radio, le PQ y va à fond de train dans ce sens avec les lignes «Moi, je vote majoritaire; je vote Parti Québécois!»

Le bémol, ici - j'en ai déjà fait état dans un précédent texte - c'est qu'une fois élu, le PQ (ou quelque autre parti ou politicien ayant eu recours à cette stratégie électorale) aura tôt fait d'interpréter à son avantage cet appui électoral. Avant l'élection, on appelle au vote stratégique; après le vote, on se gargarise d'avoir obtenu un appui sans équivoque à son programme et à sa personne.

Si vous n'êtes pas familier avec le concept du vote stratégique, je me permets de vous en décrire ici - subjectivement - la nature. Le vote stratégique consiste à voter pour le moins pire des candidats plutôt que pour le meilleur selon ses critères personnels, le tout pour bloquer l'éventuelle élection de la pire des options. En d'autres termes, chaque électeur a à divers degrés des convictions bien à lui qu'il accepte de mettre de côté - parfois en se pinçant le nez - pour favoriser le candidat le plus susceptible d'empêcher le parti qu'il déteste plus que tous les autres de remporter l'élection dans sa circonscription.

D'un point de vue logique, bien qu'il puisse être compréhensible pour quelqu'un de chercher par tous les moyens à défaire la pire option, il demeure que cette approche fait en sorte que l'électeur n'est trop souvent pas grandement emballé par son choix, ce qui contribue inévitablement au cynisme et ce, jusqu'à la prochaine élection où ce même électeur sera à nouveau tenté de voter stratégiquement contre tel politicien ou parti qu'il voudra voir perdre à ce moment-là.

La conséquence de la vigueur du vote stratégique est fort simple: c'est l'alternance au pouvoir de programmes politiques peu audacieux et plus ou moins blanc bonnet bonnet blanc dans la poursuite d'une stabilité politique rassurante, mais jamais pleinement satisfaisante. Pour prendre une image, le vote stratégique est un peu le coït interrompu de la démocratie!

Cela étant dit, le vote stratégique est légitime et tentant du fait qu'il est susceptible de donner des résultats immédiats, comme il semble que ce sera le cas lors du scrutin de la semaine prochaine où les Libéraux risquent fort d'être déboulonnés après neuf années de pouvoir. Le vote stratégique, donc, est une action rapide à effet rapide, que je suis tenté d'illustrer ainsi: si votre enfant arrive en pleurant à la maison en vous disant qu'un camarade d'école le bouscule et se moque de lui, vous pouvez lui suggérer de devenir dès le lendemain ami avec le plus fort de sa classe même s'il n'a pas beaucoup d'affinités avec lui. À court terme, ça va régler son problème à coup sûr, jusqu'au jour où le protecteur va en décider autrement et commencer lui aussi à bousculer votre enfant. Autre approche: vous pouvez aussi lui suggérer de resserrer les liens avec ses autres camarades de classe qui se font eux aussi baver pour éventuellement être capable de renverser la vapeur et d'exiger le respect grâce à la force du nombre. Mais cela demande beaucoup d'efforts... et du temps.

C'est la même chose dans l'arène politique: à long terme, le vote stratégique est dévastateur pour les idées nouvelles et les petits partis qui ne parviennent que très rarement à émerger devant les gros protecteurs du statu quo, parce que les électeurs veulent en finir illico avec le gouvernement qu'ils veulent sanctionner en se rangeant du côté du plus fort en termes d'intentions de vote.

Pourtant, la perspective de changer les choses à long terme et de façon plus durable n'est pas une aventure impossible; pour y parvenir, il faut juste y croire, persévérer en redoublant d'ardeur, prendre son mal en patience, être prêt à surmonter de nouveaux écueils, etc. En politique comme dans la vie, la sagesse commande la patience et l'effort à longue échéance, comme l'a illustré Jean de La Fontaine dans Le lion et le rat: «Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.»

Cela m'emmène à vous partager ma propre fable sur le vote stratégique, contemporaine mais ô combien plus modeste dans le style que celles de l'illustre poète. Je l'intitule:

De la division du vote naquit un jour Québec solidaire


Amir Khadir, héros de fable


Il était une fois...

Hum-hum!

Il était une fois, une circonscription électorale du nom de Mercier. Ce comté, péquiste depuis des lustres, s'était même offert la coquetterie d'initier cette histoire d'amour en défaisant en 1976 nul autre que le premier ministre Robert Bourassa lui-même et en élisant le péquiste Gérald Godin.

Puis, le temps passa et un jour, quelque part en 2000, le député toujours péquiste de Mercier Robert Perreault démissionna et s'ensuivit le déclenchement d'une élection partielle fixée au 9 avril 2001.

Cette élection, contre toute attente, se conclut par la victoire de la candidate du Parti libéral Nathalie Rochefort. La cause de ce retournement: la division du vote souverainiste.

Concrètement, les forces de gauche se rassemblèrent derrière un candidat indépendant souverainiste ayant une bonne notoriété, Paul Cliche (Cette alliance fut plus tard en 2002 officialisée par la création d'un nouveau parti: l'Union des forces progressistes.). Puis, durant la campagne électorale, le candidat péquiste Claudel Toussaint fut éclaboussé par des allégations sur son passé de violence conjugale, avec le résultat que la candidate du PLQ se faufila entre les deux.

Pour Québec solidaire qui naîtra quelques années plus tard en 2006, le plafond de verre venait en quelque sorte d'être brisé: les appuis de la gauche, solides dans Mercier, pouvaient dorénavant s'exprimer en dehors du PQ dans une option toute aussi électoralement viable.

À l'élection générale suivante, le péquiste Daniel Turp a été élu, défaisant notamment le représentant de l'UFP, un certain Amir Khadir. Même résultat à l'élection de 2007, à la différence que Khadir, maintenant candidat sous la bannière unie de Québec solidaire (parti né de la fusion de l'UFP avec le mouvement Option citoyenne de Françoise David), recueille cette fois-ci 29% des voix, à quelques points seulement du gagnant Turp.

«Patience et longueur de temps...»

Ce n'est qu'en 2008 qu'Amir Khadir sera finalement élu député et, aujourd'hui en 2012, le député de Québec solidaire s'apprête à être réélu par une forte marge. Qu'on soit en accord ou non avec les idées défendues par Amir Khadir et Québec solidaire, il convient au minimum de reconnaître que la présence de ce parti à l'Assemblée nationale est souhaitable et apporte une voix différente - d'aucuns diront discordante - dans le débat public.

La morale, c'est que bon nombre des électeurs de Mercier ont dû avoir la nausée d'avoir vu un jour une candidate du PLQ être élue chez eux (Il est à noter que Nathalie Rochefort a toujours été associée à la gauche, même au PLQ), mais que le temps, une bonne dose de vertu et beaucoup de fortune (les deux fondements indissociables du succès politique pour Machiavel) auront permis qu'aujourd'hui, Québec solidaire compte sur un député dont les appuis sont tels qu'il apparait indélogeable, du moins à court terme.

Si les gens de Mercier avait toujours voté de façon stratégique, le PQ n'aurait jamais perdu la circonscription. Nathalie Rochefort du PLQ n'aurait certes jamais été leur députée, mais Amir Khadir non plus!

Le 4 septembre prochain, au lieu d'opter pour le vote stratégique du moins pire ou de «voter majoritaire» comme certains en font maintenant l'appel dans leurs publicités, songez plutôt à voter pour votre premier choix, pour votre coup de coeur, pour le parti ou le candidat qui vous propose de construire un modèle de société dans lequel vous souhaitez vieillir et voir vos enfants et petit-enfants grandir. (Si cela veut dire pour vous de voter pour le parti qui remportera l'élection, tant mieux: vous serez doublement gagnant!)

Quand vous serez dans l'isoloir avec votre bulletin de vote en main, prenez le temps d'une grande respiration: «Patience et longueur de temps font plus que force ni que rage.»

On ne sait jamais...

Et si nous décoller un peu le nez sur le présent nous permettait collectivement de mieux entrevoir et façonner l'avenir? Oui, Debout! Assez c'est assez. Faut que ça change. Pour le Québec, c'est À nous de choisir... Le 4 septembre, ON vote!


* * * * *

Article intéressant qui rapporte les propos de Jean-Martin Aussant, chef d'Option nationale, au sujet du vote stratégique:
http://www.ledevoir.com/politique/elections-2012/358082/le-pq-ne-cherche-qu-a-se-faire-elire

lundi 27 août 2012

Le PQ parle des deux côtés de la bouche

À la radio ce matin, Paul Arcand a abordé la toute récente sortie médiatique de Jean-François Lisée appelant au vote stratégique des forces souverainistes de gauche (sic) vers le PQ pour battre les Libéraux, opération qui laisse planer l'idée que le PQ est en difficulté dans certains de ses bastions et… prend un peu les électeurs pour des tartes, à tout le moins pour d'insouciants égarés qu'il convient d'orienter de haut dans la bonne voie. (http://www.lapresse.ca/le-soleil/dossiers/elections-quebecoises/201208/26/01-4568345-appuyer-lidee-de-parizeau-serait-une-erreur-dit-lisee.php)

Personnellement, je respecte beaucoup Monsieur Lisée, au point où si je l'avais eu comme candidat dans ma circonscription, j'aurais fort probablement voté pour le PQ. (Tout le contraire toutefois de ma réalité dans Johnson, où le candidat est un éteignoir à cette option d'un appui péquiste de ma part!)


Appel à faire ce que le PQ dit et pas ce qu'il fait


Par contre, sa sortie douteuse sur le vote stratégique m'amène à un questionnement profond sur les actions concrètes du PQ sur le terrain électoral. Ainsi, Jean-François Lisée lance un vigoureux appel au vote stratégique, à condition que cette stratégie vienne uniquement en aide au PQ.

Si le vote stratégique - réunir les forces souverainistes - est vraiment la chose à faire pour le PQ, pourquoi dans ce cas le Parti Québécois a-t-il présenté des candidats dans Mercier contre Amir Khadir et dans Nicolet-Bécancour contre Jean-Martin Aussant? Dans ces deux-cas, le PQ savait très bien qu'il n'avait aucune chance de l'emporter, mais toutes les tactiques sont bonnes pour écraser ces deux larves insignifiantes (du point de vue péquiste) que sont QS et ON.

Maintenant que le vote stratégique lui rentre dans les flancs, le PQ s'indigne du phénomène, alors qu'il a lui-même nourri la situation en levant le nez sur les possibilités de rallier ce vote dit progressiste par une entente stratégique avec ces deux partis. C'est particulièrement vrai dans le cas d'Aussant, lui qui a toujours laissé entendre qu'une fois réélu sous sa nouvelle bannière, il se rangerait du côté d'un gouvernement péquiste pour l'essentiel… Mais ce n'était pas assez pour le PQ, alors on lui a opposé un bon péquiste bien fidèle. Résultat : Aussant a dû déployer ses forces pour présenter un candidat dans toutes les circonscriptions pour répliquer au refus péquiste d'une trêve, et maintenant le PQ vient brailler que les 2 ou 3 % qui vont voter pour ON devraient lui revenir en toute logique. C'est pathétique!

Dans mon comté, Johnson, le candidat péquiste énonce même publiquement son mépris à l'égard des sympathisants d'ON et de QS, tout en s'acoquinant avec le candidat du Parti conservateur aux dernières élections fédérales. (http://lecentricois.blogspot.ca/2012/08/pourquoi-je-ne-voterai-pas-non-plus_19.html) Et après ça, les électeurs de ces deux partis devraient ressentir chaleur et bienveillance dans l'accueil du Parti Québécois et trouver le salut dans cette option vire-le-vent-vire-la-poche? Pfffff...

Pour le PQ, d'un côté, Aussant n'est plus de la famille, alors la ligne à suivre, c'est à bas l'hérétique dans une application sans subtilité de la politique de la terre brûlée: écrasons-le quitte à faire élire un caquiste qui se faufilera entre les deux dans Nicolet-Bécancour; en d'autres termes, on sait qu'on ne gagnera pas, mais on met tous les efforts pour que LUI non plus ne gagne pas! Puis, de l'autre côté de la bouche, laissons Lisée faire une sortie pour faire pitié dans une tentative pour contrer l'engouement palpable d'une certaine frange de l'électorat de Rosemont pour François Saillant et de partout ailleurs pour Québec solidaire et Option nationale.

Après ça, ce sont les électeurs qu'on accuse d'être cyniques…

dimanche 19 août 2012

Pourquoi je ne voterai pas (non plus) pour le PQ... dans Johnson! (suite et fin)

(Voir la première partie de ce texte: http://lecentricois.blogspot.ca/2012/08/pourquoi-je-ne-voterai-pas-non-plus.html)


Le principal répulsif à un vote au PQ dans Johnson


Mais qui est donc cet être qui m'incite tant à gagner les canots de sauvetage pour fuir hors du navire à maints égards rassembleur péquiste? Il s'agit d'Yves-François Blanchet, député actuel de la circonscription de Drummond et qui sollicite un nouveau mandat dans Johnson, dont la carte a été complètement redécoupée pour inclure la moitié de Drummondville dans laquelle se dresse le modeste bungalow où crèche avec sa famille l'auteur de ces lignes.

Il est probable que, si vous n'êtes pas de la région, vous ne soyez pas familier avec ce nom. Élu de l'Opposition officielle péquiste dans Drummond en 2008, Blanchet a ramené la circonscription dans le giron du Parti Québécois après la vague adéquiste de l'élection de 2007 qui avait déferlé sur le comté, comme sur une bonne partie du Québec. Depuis, le député de Drummond a occupé diverses fonctions parlementaires, dont la dernière au service de laquelle il a le plus fait parler de lui, soit celle de porte-parole de l'opposition en matière d'immigration, de communautés culturelles et de langue.

Dans ce dernier créneau de la langue, Yves-François Blanchet a plutôt tendance à se draper dans un voile de pureté et à jouer les ayatollahs linguistiques. C'est lui qui, notamment, est de toutes les tribunes pour faire sien le combat inutile et perdu d'avance de la francisation des marques de commerce. Ce cheval de bataille, qui ne peut que frapper le mur de la réalité - un nom propre, qu'il soit celui d'une personne ou d'une entreprise, n'appartient pas plus à une langue qu'à une autre - n'est en quelque sorte, pour quiconque a un oeil minimalement critique, qu'un moyen pour détourner l'attention de la probabilité que le Parti Québécois porté au pouvoir ne serait pas vraiment plus vaillant que le PLQ en matière linguistique. Ainsi, cet acharnement sur les marques de commerce est annonciateur qu'un gouvernement péquiste se contenterait de s'acharner sur quelques symboles linguistiques factices plutôt que de mettre de l'avant une véritable opération d'impact pour faire respecter les dispositions de la Charte de la langue française, bafouées allègrement aujourd'hui comme dans le passé (même sous les gouvernements du Parti Québécois de 1994 à 2003 notamment). (Voir http://lecentricois.blogspot.ca/2012/06/la-francisation-des-marques-de-commerce.html)

Blanchet, donc, est celui qui au PQ joue les gros bras dans le dossier linguistique, toujours avec la subtilité d'un char d'assaut, mais aussi le génie d'un gars qui consulte le dictionnaire avec des gants de boxe, car le problème avec le français au Québec, il n'est pas là!

Mais, pour Yves-François Blanchet, dont l'égo manifestement surdimensionné s'exprime ouvertement dans chacune de ses sorties médiatiques, la bataille de la francisation des marques de commerce aurait pu lui servir de faire-valoir pour attirer sur lui micros, caméras et appareils photo. Je dis «aurait pu», car dans la réalité, que les noms de commerce soient en anglais, en italien ou en souahéli, les Québécois n'en ont rien à faire et savent très bien faire la part des choses. Ce qui comptent pour eux, c'est que le service à la clientèle, la langue de travail et l'affichage dans les commerces qu'ils fréquentent soient en français. Mais bon, je ne m'étends pas ici sur le sujet, qui n'est pas le coeur de mon propos.

Revenons plutôt à notre Kid Kodak politique régional, qui a manifesté son désarroi à l'égard du désintéressement de SON dossier de la part des médias nationaux. Sur Twitter le 7 août dernier, il a écrit:
«La petite victoire d'Yves-François Blanchet - / Une entente dont les médias nationaux ont refusé de parler. Bizarre.»

Voyons mon bon Yves-François, ça n'a rien de bizarre: les médias nationaux, ils ont autre chose à faire que de donner de l'importance à tes shows de boucane!


Si l'homme est à l'image de son usage de Twitter


Par ailleurs, parler de la présence sur Twitter de mon député qui souhaite l'être à nouveau m'amène sur un autre terrain, celui de l'éthique et du respect de la démocratie. C'est que Monsieur utilise abondamment Twitter comme d'autres de ses collègues, à la différence qu'il y illustre son penchant pour la discrimination et son manque de respect des électeurs en bloquant de la liste de ses abonnés quiconque ne chante pas ses louanges. Bien sûr, j'ai moi-même subi les foudres de sa sainte exclusion pour avoir osé, vil mécréant que je suis, ne pas vénérer sa position linguistique (voir le lien ci-haut). Au départ, cela n'est qu'un insignifiant détail et un Centricois peut aisément vivre une vie saine et normale sans avoir à lire dans son fil Twitter les messages d'autocongratulation de son infatué député. Par contre, ça soulève tout de même un questionnement éthique: si mon député me refuse l'accès à ses publications Twitter dans lesquelles il fait part de ses actions et prises de position, sous prétexte que je ne pense pas toujours comme lui, est-ce qu'il acceptera de me recevoir et de m'entendre si jamais j'ai besoin de lui pour quoi que ce soit quand il sera député? Pas sûr...  

Ironie suprême, dans la catégorie 'Faites ce que je dis et pas ce que je fais', Monsieur Blanchet ose affirmer sans rire:
«J’utilise beaucoup les médias sociaux parce que, comme souverainistes, nous ne sommes pas équitablement traités par les médias nationaux. Facebook et Twitter sont des façons de parler directement aux citoyens, qui s’expriment aussi en toute franchise. Les gens réagissent plus nombreux et plus fortement aux commentaires positifs et à mes rencontres qu’aux critiques que je dois parfois publier. Il y a un message là-dedans.» (http://www.journalexpress.ca/Elections/2012-08-02/article-3044601/Yves-Francois-Blanchet-souhaite-des-debats-didees/1)

Si Yves-François Blanchet sait que les médias sociaux lui servent à parler aux citoyens (ça il le sait!), il ignore toutefois que la grande nouveauté de ces mêmes médias sociaux est que ceux-ci devraient lui permettre également de les écouter, de discuter, d'échanger, de débattre avec eux même s'ils sont en désaccord, ce qu'il ne fait pas (sauf si c'est médiatisable comme dans son récent et virulent échange avec le chroniqueur Marc Cassivi sur Twitter), préférant abreuver ses seuls supporteurs de ses lignes assassines et flamboyants discours sur la montagne devant lesquels tous sont béats devant sa Grandeur!

Moi, je ne veux pas d'un député dont les lignes de communication ne sont accessibles qu'aux petits amis et gens influents. Un député qui méprise ses concitoyens qui veulent débattre sans accueillir toutes ses paroles comme des Vérités révélées ne mérite pas leur confiance. Un élu qui se sert de son compte Twitter pour alimenter le débat public de ses positions et qui répond à la divergence d'opinion à la manière d'un baveux de cour d'école en écrivant un brave «Vous voilà bloqué.» (http://yfrog.com/mu80qp) à quelqu'un (pas moi dans ce cas bien précis) qui veut débattre et peut-être tenter de ramener ce demi-dieu sur le plancher de la libre pensée, c'est mesquin et indigne de la fonction de représentant public qu'il occupe.

Bref, sur cette question, un député qui utilise Twitter pour vendre sa salade, annoncer sa noble présence dans les soupers aux bines et diffuser ses vues et opinions sur des questions d'ordre public et qui fait de la ségrégation à l'égard de certains de ses électeurs en les bloquant de façon cavalière parce que ceux-ci expriment des bémols à l'égard des déclarations de Sa Magnificence est un acte profondément antidémocratique qui motive un peu plus encore le retrait de mon vote au Parti Québécois.

Souverainiste, je le suis profondément; toutefois, vivre dans un Québec indépendant dirigé par des Yves-François Blanchet détenteurs tout-puissants du pouvoir et de la pensée unique: ça jamais!


Souvenir de suffisance parlementaire


J'ai un souvenir qui remonte aux débuts parlementaires du député Blanchet et qui m'avait envoyé un coup de semonce en ce qui a trait à la rusticité de ses manières. Il y a quelques années, en réponse à Fatima Houda-Pépin qui lui cédait la parole à la période de questions, le ô combien respectueux député s'était mis à fanfaronner en s'adressant à la Vice-présidente pour lui enseigner d'un ton théâtral et hautain que chez nous, on ne dit pas Drummond (prononcé à l'anglaise avec le D final bien audible), on dit Drummonne; prétexte pour affirmer pompeusement dans la phrase suivante que LUI était le vaillant député de Drummonne.

Sur le fond, il avait raison, nous du Centre-du-Québec prononçons en effet Drummonne. Mais, est-ce que cela méritait une telle opération de pétage de bretelles et de cabotinage méprisant en pleine période officielle de débat. Je m'étais alors dit, en entendant cet échange: «Mais, quel manque de classe!» Et pour quelque chose de complètement futile en plus. Quel irrespect à l'endroit de cette parlementaire respectée et respectable, francophone et francophile! Pourtant, depuis ma jeunesse, j'entends entre autres Bernard Derome et aujourd'hui Céline Galipeau dire Drummond à l'anglaise sans avoir jamais eu vent que Monsieur Blanchet en fasse un plat ou essaie de les tourner en bourrique pour cela.

Tout cela pourrait n'être qu'une banale anecdote, bien sûr, et je préfère laisser à son biographe le soin de répertorier les épisodes narcissiques du genre de mon député. Un jour, les mots de ces diverses manifestations pourront être gravés sur le miroir gigantesque qui trônera devant les yeux de l'énorme statue de bronze érigée à son effigie sur le terre-plein du boulevard Saint-Joseph.

Par contre, comme j'ai évoqué le souvenir d'une déjà bien lointaine envolée verbale au goût douteux, il convient de prendre quelques lignes ici pour aborder sa plus récente sortie pour le moins discutable, signe qu'avec le temps le ballon égotiste du personnage est toujours bien gonflé à l'hélium.


Le dilemme du politicien: défendre (avoir) des idées ou manger à tous les râteliers?


Dans un article de L'Express publié le 8 août sous la plume de Maxime Rioux, Yves-François Blanchet explique ses bras ouverts à l'appui du candidat conservateur aux dernières élections fédérales et toujours membre actif du PLQ (!), Normand W. Bernier, dans ces termes:
«Il y a des gens, des souverainistes, qui m’ont reproché d’accueillir parmi nous Normand Bernier. M. Bernier, fait maintenant partie du Parti québécois. Il fait partie des 14 %, 15 %, 16 % ou 17 % dont on a besoin pour gagner un référendum. Qui serions-nous pour ne pas accueillir tous les M. Bernier du monde? C’est notre devoir le plus solennel!
http://www.journalexpress.ca/Elections/2012-08-08/article-3048176/%26laquoQui-serions-nous-pour-ne-pas-accueillir-tous-les-M.-Bernier-du-monde%26raquo/1
Or, dans cette envolée au ton messianique, Monsieur Blanchet confond (sciemment) deux choses: l'appui à la souveraineté du Québec et l'appui au PQ (et à son humble personne). Sur ce point, le député ne peut pas ignorer que c'est une constante: tous les sondages démontrent TOUJOURS que le projet souverainiste est plus populaire que le Parti Québécois. Il faut vraiment être un fieffé adepte des raccourcis boiteux, un génie du sophisme, pour faire sans gêne cet amalgame aussi simpliste entre l'appui à la souveraineté du Québec et l'appui à Yves-François Blanchet!

Puis, pendant que d'un côté de la bouche, il utilise l'argument noble de l'appui à la souveraineté pour justifier ses fréquentations purement électoralistes, le candidat péquiste dans Johnson, dans un autre article du même journal dont le texte n'est disponible que dans l'édition papier (Normand W. Bernier aurait approché le PLQ récemment, édition du 8 août 2012 à la page 10), cette fois du journaliste Jean-Pierre Boisvert, lève le nez sur les «puristes» d'ON et de QS - veut-il dire des souverainistes qui n'ont pas peur de dire qu'ils le sont? - et dit d'eux qu'ils font preuve d'un «manque de jugement typique».

Si vous croyez que le député Blanchet travaille pour faire avancer l'adhésion à la souveraineté du Québec, personnellement, des commentaires comme celui-là me donne l'impression que c'est plutôt la souveraineté qui est ici mise au service d'Yves-François Blanchet, quand ça fait son affaire! Quand c'est bon électoralement pour rassembler les brebis égarées et autres gros bonnets dont les idées sont interchangeables dès que l'odeur du pouvoir se manifeste, brandir la souveraineté est utile. Par contre, quand il s'exprime au sujet des souverainistes convaincus qui osent boire à d'autres sources qu'à celle du PQ et à la sienne, là, le Grand berger Blanchet devient tout à coup méprisant à l'endroit de gens avec qui il devrait plutôt avoir une communauté d'intérêt.

C'est pathétique.


Trouver le salut hors du vote stratégique


De mon côté, mon choix est maintenant fait, je ne voterai pas stratégiquement contre les Libéraux, je vais plutôt voter pour le projet politique qui m'inspire le plus, celui d'Option nationale. Ainsi, je ne choisirai pas le 4 septembre prochain le candidat du Parti Québécois qui mange à tous les râteliers pour être réélu, je vais plutôt voter par conviction, simplement.

Bien sûr, je ferai partie de la minorité des électeurs que mon futur député qualifiera possiblement de larves insignifiantes dans le paysage politique ou autres épithètes peu flatteuses. Par contre, dans la même veine que mon OUI au référendum de 1995, mon vote à cette élection-ci, loin du cynisme d'un vote stratégique pour le moins pire, sera pour moi un geste positif emballant, un appui à un projet de société que j'estime être porteur d'avenir pour mon entourage immédiat et pour le peuple québécois.

Cela dit, comme je doute fort que le PQ puisse être en difficulté dans Johnson, pourquoi ne pas appeler d'autres électeurs à faire de même en votant pour leur choix politique numéro 1? Que ce soit pour la Coalition Avenir Québec, Québec solidaire, Option nationale ou même le Parti Québécois, dont les assises sont solides et dignes d'appui à plusieurs égards (en outre, je peux concevoir que des électeurs puissent voir le péquiste Blanchet dans leur soupe pour de bonnes raisons, même si celles-ci m'échappent), allez-y: votez pour votre première option, pour ce en quoi vous croyez vraiment, POUR le parti ou le candidat que vous estimez LE PLUS plutôt que CONTRE ce en quoi vous croyez LE MOINS.

Changez la donne, que ce soit dans Johnson ou ailleurs. Prêtez l'oreille à ce que les politiciens vous proposent de faire plutôt qu'au dénigrement qu'ils adressent à ce que les autres veulent faire.

Vous voulez de la politique positive: votez positivement! Juste pour voir...

Les Québécois pourraient décider ensemble de faire de ce rendez-vous électoral une attaque en règle contre le cynisme et le vote par dépit. Car, ne vous méprenez-pas, si vous et tant d'autres électeurs votez pour le PQ par dépit pour sortir les Libéraux, bien qu'appelant à cette stratégie aujourd'hui, votre bon député - Yves-François Blanchet ou un autre - une fois élu aura tôt fait de réinterpréter à son avantage votre vote comme un appui sans équivoque à sa grande qualité personnelle de rassembleur.


Épilogue


Dans le blogue d'Option nationale (http://onblogue.com/2012/08/15/dumbo-et-la-soupe-au-chou/), le candidat de ce parti dans Jean-Lesage à Québec cite ce passage de Gérald Godin:
«Moi je veux d’abord qu’un député soit une paire d’oreille, qu’on soit comme Dumbo, le fameux éléphant de Walt Disney, pis qu’on écoute ce que le monde a à dire. […] à peu près toutes les solutions aux problèmes des Québécois sont déjà dans la tête des Québécois.»
Je ne m'avancerai pas à déterminer quels personnages peuvent bien inspirer mon représentant actuel à l'Assemblée nationale. Chose certaine, le député Blanchet n'a pas les mêmes oreilles de Dumbo que l'illustre Gérald Godin, député si près des gens et «dont le bureau était à la grandeur de son comté» (http://www.histoireplateau.org/administration/publications/bulletins/automne2007/automne2007GeraldGodin.pdf). Jadis ministre responsable de l’application de la Charte de la langue française durant une courte période, Godin était un pur passionné du Québec entre les mains de qui la loi 101 ne servait pas d'épouvantail à moineaux et de faire-valoir politicien. Autres temps, autres moeurs: les choses ont bien changé!

Le 4 septembre prochain, le PQ a de bonnes chances de former le gouvernement et, en ce qui me concerne, c'est tant mieux; le Parti Québécois a certes l'équipe et le potentiel pour ramener un peu de lumière là où neuf années de gouvernement du Parti libéral aura laissé tant d'obscurité.

Et, dans Johnson, Yves-François Blanchet peut très bien se passer de mon vote pour à nouveau être élu député. Or, dans ce scénario, chose certaine, le député Blanchet sera nommé au conseil des ministres. Après tout, Pauline Marois lui en doit une, car au moment où son leadership était en pleine tempête, le député de Drummond a été de toutes les tribunes pour la défendre bec et ongles: un vrai pit-bull!

D'un point de vue partisan, il faut reconnaître qu'Yves-François Blanchet a tenu le fort vaillamment pendant que le leadership de sa chef se faisait brasser de façon peu commune au sein même du Parti Québécois. Et, cet acharnement à braver l'adversité (geste de solidarité louable ou d'entêtement intéressé?) lui vaudra à coup sûr une place de choix dans le cercle restreint des décideurs gouvernementaux, sans aucun doute à titre de gestionnaire d'un portefeuille lié à la culture et à la langue, ses dossiers de prédilection. (À moins que voit le jour un tout nouveau ministère créé sur mesure pour lui: place au futur ministre de la Vanité, de la Suffisance et du Bombage de torse!)

Pour le reste, au terme de l'élection du 4 septembre prochain, le député élu dans Johnson aura gagné ses épaulettes pour représenter à l'Assemblée nationale les citoyens - espérons-le, TOUS les citoyens - de la circonscription. Et sa victoire sera d'autant plus méritoire si les électeurs ont voté POUR lui plutôt que CONTRE quelqu'un d'autre.

Gens de Johnson, à vous la parole le 4 septembre prochain!


* * * * *

Si un homme a une grande idée de lui-même, on peut être sûr que c'est la seule grande idée qu'il ait jamais eue dans sa vie.
- Alphonse Esquiros, auteur et homme politique français


vendredi 17 août 2012

Pourquoi je ne voterai pas (non plus) pour le PQ! (première partie)

C'est connu et vérifié, le vote des électeurs est, de façon très généralisée, motivée par la force d'attraction d'un parti politique en particulier et la popularité de son chef. Règle générale - ce que confirme à chaque rendez-vous électoral tant les analystes politiques que les maisons de sondage - l'identité et les prises de position des candidats locaux n'ont de l'impact qu'auprès d'une très mince tranche de l'électorat. Et c'est normal: le canon médiatique national a par sa nature plus d'impact dans la population que l'ensemble de tous les petits tire-pois partisans locaux et régionaux.


Le parti compte, mais le candidat aussi


Par contre, ceux qui me lisent à l'occasion doivent commencer à me connaître un peu et ne seront pas surpris d'apprendre que, pour moi, le candidat local lui-même revêt une importance notable dans mon choix, au point même où l'appartenance partisane, tout en étant importante jusqu'à un certain point, pourrait finir par avoir fort peu de prise - mise à part la position à l'égard de la souveraineté du Québec comme je l'ai déjà exprimée - sur mon vote.

C'est ainsi que mon vote pourrait aller à un parti ou à un autre, en fonction des candidats spécifiques d'une circonscription donnée que j'estime être des êtres humains de qualité et en qui j'ai confiance. Des exemples? Par qui est-ce que je commence? (Note: les mentions qui suivent ne constituent pas une liste exhaustive.)

Tenez, allons-y d'abord avec le parti qui a en son sein le plus de ces candidats qui seraient susceptibles d'avoir mon vote à cause de la qualité personnelle remarquable de certains de ceux-ci: le Parti Québécois.

Si je votais dans Rosemont, je voterais (aveuglément) pour Jean-François Lisée; dans Borduas, ce serait Pierre Duchesne. Si j'habitais dans Laval-des-Rapides, aucune hésitation: Léo Bureau-Blouin. Dans Marie-Victorin, Bernard Drainville à 100 milles à l'heure! Bourget? Maka Kotto, bien sûr! Et Djemila Benhabid dans Trois-Rivières aussi, malgré sa sortie difficile sur la religion et l'état (la place du crucifix à l'Assemblée nationale), une pelure de banane au sujet de laquelle je l'ai entendue dire que l'intellectuelle ne pense pas forcément la même chose que la candidate (!)... (Une campagne électorale n'est pas le forum indiqué pour faire dans la nuance!) Quelle chance ils ont les Trifluviens de pouvoir accorder leur vote à une si exemplaire citoyenne du monde, à une intellectuelle qui n'a pas la langue de bois! Et que dire de mon vote que j'accorderais dans Crémazie à la gestionnaire scolaire efficace et transparente qu'est Diane De Courcy... Euh... Oups! Non, je ne ferais pas ça! (Appelons-la une exception qui confirme la règle.)

Si, par ailleurs, je votais dans Gouin, je me précipiterais au bureau de vote pour accorder ma confiance à Françoise David de Québec solidaire. Puis, dans Nicolet-Bécancour, devinez pour qui je voterais! Jean-Martin Aussant, l'inspirant chef d'Option nationale, bien entendu!

Et la CAQ? Elle n'est pas en reste, car cette formation politique aurait elle aussi mon vote, entre autres, dans les circonscriptions de Repentigny et d'Arthabaska, représentées respectivement par les candidates caquistes franches et intègres Chantal Longpré et Sylvie Roy.

Quant au dernier parti (et non le moindre!), le Parti libéral du Québec, sachez que si je votais dans la circonscription de Sherbrooke... ... ... Haha! Mais non, voyons! Je ne voterais pas pour Jean Charest. Il ne faut quand même pas charrier!

Voilà donc pour les exemples de candidatures pour lesquelles j'aurais un préjugé favorable, peu importe la bannière partisane. Mais, si un candidat donné peut à lui seul grandement influencer mon vote, l'inverse est également vrai, à savoir qu'un autre candidat, lui, peut fort possiblement m'inciter à NE PAS voter pour tel ou tel parti.


Le PQ dans Johnson


C'est ce qui m'amène à aborder mon cas personnel d'électeur en réflexion qui aurait peut-être pu, une fois la CAQ écartée de ses choix (voir http://lecentricois.blogspot.ca/2012/08/pourquoi-je-ne-voterai-finalement-pas.html), se ranger du côté du Parti Québécois. De fait, en toute logique, c'eut été le choix sensé d'un point de vue stratégique où la volonté de faire un geste pour barrer la route à la formation par le Parti libéral d'un quatrième gouvernement consécutif pèse un brin dans la balance.

Or, dans mon cas, en tant qu'électeur dans Johnson, il faudrait vraiment que je me pince le nez pour voter pour le PQ! Pourquoi donc? Parce que le destin aura voulu que le candidat péquiste dans ma circonscription soit celui entre tous pour lequel je ne peux me résoudre à voter. Depuis le début de la présente campagne, je me dis que la pilule pourrait finir par passer - après tout, le type se dit souverainiste aussi - et que je pourrais, en paix avec moi-même, être en mesure de voter pour le PQ comme jadis malgré le fait que le nom inscrit sur le bulletin de vote soit un répulsif à mon appui. Mais bon, j'ai beau essayer, quand mes yeux ont notamment le malheur de lire ce que rapporte les médias locaux au sujet de mon député, je fais systématiquement une rechute. Le remède: clore le dossier en décidant une fois pour toutes que mon vote n'ira pas au PQ!


À suivre...

* * * * *

(Suite... http://lecentricois.blogspot.ca/2012/08/pourquoi-je-ne-voterai-pas-non-plus_19.html)

mardi 7 août 2012

Pourquoi je ne voterai (finalement) pas pour la CAQ

Dans mon dernier texte, je vous ai parlé de ma détresse électorale de ne pas savoir à quel parti je choisirai de donner mon vote le 4 septembre prochain. (Voir http://lecentricois.blogspot.ca/2012/07/electeur-cherche-desesperement.html)

Une des options possibles - pour moi attrayante à certains égards - était celle de la CAQ. En fait, si je précise «finalement» dans mon titre, c'est que j'y ai vraiment songé. Quand Legault a refait surface avec son groupe de réflexion «Coalition pour l'avenir du Québec», j'étais emballé que ce souverainiste notoire propose de remettre en question le modèle québécois pendant quelques années où la question nationale était en veilleuse, plutôt que d'attendre les bras croisés l'arrivée du Grand soir de l'indépendance dans un Québec aux structures inefficaces, à l'économie stagnante et aux moeurs politiques à maints égards manifestement douteuses. J'ai même modestement contribué financièrement au parti une fois celui-ci officiellement lancé. Membre fondateur numéro 2401 qu'il est écrit sur la carte: c'est vous dire! Oui, j'y ai cru!

François Legault, un souverainiste (du moins le croyais-je), proposait de mettre la souveraineté en veilleuse le temps de faire un petit ménage dans la bureaucratie et les structures et de s'attaquer à stimuler une économie moribonde pour redonner confiance aux Québécois. Dans ce créneau de favoriser un regain d'efficacité au Québec, la proposition de sabrer dans les commissions scolaires était en tête de liste pour séduire un électeur comme moi qui en a marre d'être témoin d'un système d'éducation complètement sclérosé par les structures administratives, les réformes à gogo, le corporatisme syndical, etc.

Sauf que, depuis quelque temps déjà, le discours de la CAQ et de son chef lui-même me parait être essentiellement orienté dans une direction où manger du péquiste est la ligne maîtresse. Ainsi, j'ai entendu François Legault affirmer maintes fois qu'il N'EST PLUS souverainiste, qu'il NE CROIT PLUS à la souveraineté, tout en jouant de plus en plus sans subtilité la carte du mépris de ses adversaires qui, eux, font encore de cette option (plus ou moins) une priorité, du moins l'ont-ils inscrite à leur programme. (La semaine dernière, c'est Gaétan Barrette qui clamait en entrevue NE PAS ÊTRE souverainiste et tentait de faire du chemin avec cette ligne pour être rassembleur.)

Ainsi, la CAQ s'évertue par tous les moyens à se distancer du projet souverainiste... sans ne dire un traître mot à l'égard du statu quo constitutionnel actuel, pas particulièrement acceptable pour quiconque est ne serait-ce qu'un brin nationaliste. C'est bien beau, voire légitime, de s'attaquer aux souverainistes si on veut se définir comme une troisième voie dans l'axe constitutionnel, mais il faudrait peut-être donner aussi quelques coups de gueule au camp fédéraliste à tout prix, que d'aucuns qualifieraient à divers égards d'à-plat-ventriste.

Puis, cette hargne de la CAQ à l'égard des souverainistes jumelée à une relative tiédeur quand vient le temps de critiquer les Libéraux, alors que l'ennemi suprême à abattre est le PLQ, m'a fait voir en songe (en cauchemar!) un scénario apocalyptique. Si jamais les Québécois élisaient un parlement minoritaire le 4 septembre prochain et que la CAQ se retrouvait avec la balance du pouvoir, mon petit doigt me dit que, après s'être autant acharné sur le camp souverainiste et le PQ essentiellement, c'est avec le PLQ que Legault accepterait de faire une coalition potentielle pour former un gouvernement.

AAAAAAAAAAAAARRRGH! No way, Roger!

Pas question que mon vote, chargé d'une forte connotation anti-Charest, puisse dans ce scénario servir à accorder le pouvoir et la confiance à un autre gouvernement dominé par le PLQ et dirigé à nouveau par Jean Charest... Ainsi, voilà maintenant qu'un réalignement (peu probable) du discours caquiste serait nécessaire pour empêcher la glaciation de ma sympathie à son égard. Pauvre François Rebello... mais moi, je peux encore sauver ma peau d'un tel traquenard!

Donc, une bonne partie du chemin était déjà fait pour m'éloigner de la CAQ, mais le coup de grâce est venu là où je ne l'attendais pas - et vous non plus d'ailleurs, j'en suis certain.

Le coup fatal

Croyez-le ou non: ce sont les suites de l'annonce de la candidature de Jacques Duchesneau qui auront achevé de me convaincre que mon vote n'irait pas à la CAQ. Là, vous vous dites: «Ben voyons donc, on ne voit que des gens en pamoison dans les vox pop à la télé pour commenter et accueillir cette candidature avec le sourire!» L'Eliot Ness québécois, entend-on ici et là...

Quand je vous dis que je suis à contre-courant...

Bien sûr, avec sa notoriété et son parcours intègre, Duschesneau est une candidature de poids. Je le concède. Même que j'estime souhaitable sa venue en politique: l'homme a le bagage et le franc-parler pour faire trembler les colonnes du temple, temple qui héberge depuis trop longtemps les Libéraux de Jean Charest!

Je vous entends à nouveau: «Ben, c'est quoi ton problème d'abord?»

Mon problème, un gros en ce qui me concerne, vient d'une annonce de François Legault découlant de cette nomination de prestige:
«De façon exceptionnelle, j'ai demandé à M. Duchesneau, à cause du rôle qu'il va jouer, pour éviter tout problème éventuel, toute apparence de problème, de ne pas être parmi ceux qui vont collecter de l'argent.» (http://www.lapresse.ca/le-soleil/dossiers/elections-quebecoises/201208/05/01-4562574-financement-de-la-caq-duchesneau-exempte-de-collecte-de-fonds.php)
Quoi? Est-ce que j'ai bien compris? Contrairement aux 124 autres candidats de la CAQ, Monsieur Duschesneau, lui, n'aura pas à se salir les mains dans les basses opérations de financement de son parti... pour préserver sa vertu?

Ça n'a aucun sens! Sous prétexte qu'il veut le soustraire à toute forme d'influence, François Legault dit indirectement aux électeurs que le financement de SON parti - vous savez, ce parti même qui affirme vouloir faire les choses autrement avec son slogan «C'est assez, faut que ça change!» - peut tout aussi bien engendrer des pressions de contributeurs qui, éventuellement, cogneraient à la porte de tel ou tel député caquiste - ayant, lui le député ordinaire, récolté du financement - dans l'espoir d'un retour d'ascenseur.

La ligne à appliquer était pourtant simple et Legault aurait dû dire: «À la CAQ, notre financement, TOUT notre financement, est propre et ne résultera JAMAIS en quelque faveur que ce soit accordée à quiconque exercerait des pressions suite à sa contribution financière au parti.»

Au lieu de cela, François Legault vient par cette annonce surprenante laisser planer un doute sur le danger de son financement à lui aussi. En d'autres termes, selon cette vision, ce n'est pas la façon de faire du financement qui peut poser problème au plan éthique, c'est le financement lui-même qui est suspect et dangereux. Pour ne pas risquer d'être influencé, voire corrompu, Duschesneau NE FERA PAS de financement. Point final.

En prenant connaissance de cela, une image m'est venue en tête: c'est un peu comme si, sur une plage quelque part, François Legault enjoignait tous ses candidats de la CAQ à se baigner avec les autres dans une mer infestée de requins, SAUF le lifeguard Duchesneau qui lui, du haut de sa chaise et de son statut, aurait seul le droit de ne pas s'y mouiller les orteils et de surveiller les méchants. Puis, si jamais l'un des baigneurs caquistes crie fort en se faisant croquer une jambe par un vilain gros requin vorace aux dents en forme d'enveloppes brunes, le sauveteur Duschesneau sera là pour accourir en héros, la bouée de la vertu à la main.

Quel triste cynisme à la CAQ, d'autant plus pathétique qu'il vient de l'intérieur, de la bouche de son chef lui-même... Je me demande bien ce que les Sylvie Roy, François Bonnardel, Chantal Longpré et autres bons candidats de la CAQ ont pensé de cette annonce à caractère ségrégationniste faite par leur chef. Avant cette surprenante annonce, les électeurs pouvaient croire, à raison ou à tort, que toute l'organisation de la CAQ était vouée à l'assainissement des moeurs en matière de financement des partis politiques au Québec; or, voilà que le chef Legault lui-même vient en quelque sorte leur dire (et me dire): Non, non... il y a Duchesneau dans une classe à part et il y a les autres.

Par cette annonce, François Legault voulait nous faire comprendre que l'intégrité irréprochable de Jacques Duchesneau sera placée derrière des portes blindées par la CAQ. Ce faisant, il a aussi indirectement - et involontairement j'ose l'imaginer - laissé entendre que le seuil général de probité des candidats de la CAQ n'est pas le même que celui de son candidat vedette dans Saint-Jérôme.

Dans la vie, contrairement à toutes ces marques de savon à lessive qui lavent plus blanc que blanc, il n'y a qu'un seul niveau d'honnêteté et d'intégrité: on l'est ou on ne l'est pas! En laissant entendre que son candidat Duschesneau sera le plus intègre parmi les intègres, plus blanc que les autres, François Legault vient de me faire déchanter sur le thème électoral de l'intégrité, me fournissant l'ultime raison de ne pas accorder mon vote à la CAQ le 4 septembre prochain.



Cela dit, mon problème d'indécision demeure entier; tout au plus suis-je parvenu à motiver mon choix de NE PAS voter pour la CAQ. Encore quelques semaines de réflexion où les lignes de communication demeurent ouvertes de mon côté pour faire un choix final le plus appuyé possible le jour de l'élection.









mercredi 25 juillet 2012

Quand l'hospitalité se manifeste en milieu hospitalier

Hier matin, je me suis rendu à mon rendez-vous à la clinique du centre hospitalier montréalais que je fréquente de façon périodique depuis des années pour le suivi et la perpétuation de ma santé... physique. (Ma santé mentale, elle, trouve elle-même son traitement dans les événements et les surprises - bonnes ou mauvaises - que me réserve la vie et dans un certain nombre d'actions salutaires dont fait partie la rédaction des textes du Centricois, cet élixir parmi tant d'autres pour domestiquer la folie!)

Mais bon, parler de moi n'étant pas du tout l'objectif de ces lignes, je saute tout de suite à mon propos.

Hier matin donc, je me suis rendu à l'aurore à l'Hôpital général de Montréal pour un prélèvement sanguin à jeun, après lequel j'avais du temps, comme toujours, pour descendre à la cafétéria et y casser la croûte avant de voir le médecin plus tard.

Là, je fais comme la plupart du temps: je commande un déjeuner, prends un café au passage et me rends à la caisse pour payer... et c'est là que ça se passe, sans fanfare, en toute simplicité!

Je fréquente la clinique environ deux fois par année depuis 2000 et, d'aussi loin que je me souvienne, c'est la même dame qui travaille à la caisse les matins où je la fréquente.

C'est de cette dame dont j'ignore tout de qui je veux vous parler, simplement parce qu'elle est toujours accueillante et avenante, même si elle oeuvre dans un environnement d'une grisaille particulièrement notable. Entre vous et moi, quand vous pensez cafétéria d'hôpital, vous n'entonnez pas instinctivement C'est bon pour le moral de la Compagnie Créole!

Ainsi, même si elle a affaire à nombre d'airs bêtes dans le cadre de son travail - éclopés bougonneux, médecins pressés et autres marchands de déprime - la caissière de la cafétéria de l'HGM continue à éclairer les matinées mornes de son agréable service à la clientèle.

Ah oui! Fait à préciser, tout de même étonnant dans un milieu à prédominance anglophone mais toujours fort bienvenu en sol québécois: la dame est francophone et s'exprime (toujours volontiers) dans un anglais sommaire quoique tout à fait compréhensible. C'est qu'il y a de cela quelques années, un type - un vieux bonhomme grognon s'exprimant en anglais - s'était mis à l'engueuler à la caisse à cause du prix facturé pour son déjeuner. À la fois démunie et brave devant l'agression verbale, la caissière avait tenté de calmer le vieux schnock en lui expliquant au mieux dans sa langue: «I'm sorry Sir, but you have to pay for the bines

Malheureusement, ça n'avait pas suffi et le bonhomme avait continué à gueuler: «The bines, the bines... what's that, the bines?» Malgré tout, il avait fini par payer tout en continuant de maugréer plus ou moins indistinctement, entre autres au sujet du bad English (sic) de la caissière, anglais qui n'était incidemment pas si mauvais. (Secrètement, j'avais songé que le bonhomme méritait que ses bines lui procurent ce jour-là les plus grosses flatulences de toute sa vie, avant de me raviser en philosophant qu'encore là, c'est l'entourage du monsieur qui eut payé le prix de sa colère, cette fois-ci intestinale.)

Bref, ces quelques lignes ne visent qu'à reconnaître humblement la qualité du travail de cette personne qui met du coeur au quotidien dans ses rapports avec les autres, des inconnus. Pour moi, entre deux visites matinales à la cafétéria de l'Hôpital général de Montréal, il est agréable de penser qu'une employée de la cafétéria continue d'aborder chaque matin ses clients avec gentillesse, faisant ainsi sa modeste part, inlassablement et par pur altruisme désintéressé, pour créer un monde plus humain!

Bravo!

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Pour un monde plus humain: http://www.peopleforgood.ca/FR/

vendredi 20 juillet 2012

Potager urbain: l'incohérente intransigeance de Drummondville


À moins que vous ne fassiez présentement du camping dans une caverne ou que vous vous soyez coupé du reste du monde en participant à une retraite fermée dans un monastère, il y a fort à parier que vous avez déjà entendu parler de la controverse entourant l'aménagement d'un potager devant une résidence de Drummondville.

Toutefois, si l'histoire ne vous dit rien, voici le lien pour visionner un court reportage pour vous mettre à jour:

Comme beaucoup a déjà été dit et diffusé pour décrire la situation, je ne vais donc pas m'attarder à en refaire la genèse.

D'abord, le sujet m'interpelle énormément, car il s'agit d'un cas manifeste d'un projet original, bénin et souhaitable qui se bute devant une intransigeance administrative municipale abusive.


De ce que je constate humblement de mon oeil extérieur ET drummondvillois, ces citoyens tentent de défendre leur projet auprès de la Ville et d'en faire valoir le positif avec des arguments qualitatifs à l'effet que leur initiative embellit, rassemble les gens du quartier, est une tendance d'avenir, une approche écologiquement viable du fait qu'elle encourage la valorisation des terrains et la biodiversité bien plus que les gazons gazés aux pesticides et qu'elle favorise l'alimentation saine et de proximité, etc. Tout cela est d'une évidence manifeste!

Le problème, c'est que, placées devant l'argumentaire de citoyens qui raisonnent avec des émotions et une logique inspirée par la qualité de vie, les autorités municipales ont la sensibilité d'une poêle de fonte! Ainsi, tout ce que les audacieux visionnaires vont recevoir en guise de réponse de la part de la Ville de Drummondville, ce sont des avis les enjoignant de se conformer aux règlements XYZ sous peine d'amendes.

Sauf que...


Les légumes NON mais la paille OUI



 
Il y a de cela à peine trois semaines, le journal L'Express publiait un article rapportant que la Ville avait finalement pris la décision de contourner la recommandation initiale de son Comité consultatif d'urbanisme et de permettre au bar La Terrazza sur la rue Heriot de maintenir son aménagement initial, notamment la paille servant de revêtement de toit pour sa terrasse. Dans cet article de la journaliste Cynthia Giguere-Martel, une citation du conseiller municipal Jocelyn Gagné a attiré tout particulièrement mon attention:
«En acceptant ce projet, on permet donc au centre-ville d’être encore plus dynamique, novateur et rassembleur. Nous ne souhaitons pas créer une atmosphère d’homogénéité. Si tout est pareil, personne ne s’y retrouvera.»


Deux poids deux mesures? 


Si l'argument vaut pour le centre-ville, ne devrait-il pas également valoir pour les quartiers résidentiels qui sont le milieu de vie des citoyens? L'aménagement du potager de façade qui est au coeur de la polémique actuelle EST dynamique, novateur et rassembleur; de plus, il répond tout à fait au souhait du conseiller d'éviter l'homogénéité et que tout soit pareil.
S'il est conséquent avec sa déclaration dans le dossier de La Terrazza, le conseiller Gagné devrait se ranger du bord de Josée Landry et Michel Beauchamp et apporter son mot à l'hôtel de ville pour défendre la légitimité de leur magnifique aménagement potager.
En attendant, il est à souhaiter que les décideurs municipaux finissent par saisir que défendre bec et ongles le principe « d’uniformité de la trame urbaine » n'encourage pas le développement harmonieux, mais plutôt la fadeur et l'absence de personnalité: tout le contraire de ce dont a besoin un milieu de vie pour être attrayant!

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Pour en connaître davantage au sujet de cette initiative originale:




lundi 16 juillet 2012

Tourisme de proximité extrême

Récemment, par un beau dimanche, la journée s'est déroulée en famille sous le signe du tourisme à la sauce simplicité locale.
Le tout a débuté par un « qu'est-ce qu'on fait aujourd'hui? » en fin de matinée et a évolué vers un « On prend l'autobus avec Princesse et on va manger une crème glacée au centre-ville. » Je vous l'ai dit : simple, simple, simple!
Mais pourquoi donc? Juste pour le plaisir. Pour le plaisir de faire quelque chose chez nous que nous ne faisons jamais. Pour le plaisir de profiter du soleil, de la douceur du temps et de la tranquillité ambiante. Pour le plaisir de ne rien faire!
Car, en toute lucidité, hormis quelques soubresauts d'activité provoqués par d'épars évènements, la plupart des dimanches après-midi à Drummondville sont une mer de tranquillité!
C'est ainsi que, non pas pour serrer la pince à quiconque mais pour aller prendre l'autobus, nous nous sommes tous les trois - le roi, la reine et la p'tite princesse - rendus aux Promenades Drummondville… en auto. Parlez-moi d'un paradoxe! Et si, tout écolo horrifié que vous êtes d'avoir lu une telle hérésie, voici de quoi vous achever : le bar laitier que nous entreprenions d'aller visiter se trouve géographiquement plus près de la maison que les Promenades, de sorte que nous avons en quelque sorte fait un détour volontaire en auto pour nous rendre jusqu'à l'arrêt d'autobus qui allait nous ramener sur nos pas. Ajoutez à cela que le poids de nos carcasses à bord de l'autobus a vilement contribué à faire augmenter la consommation énergétique dudit véhicule et que, comble d'indignation, j'ai avoué candidement ici il y a peu de temps faire l'usage de sacs jetables (http://lecentricois.blogspot.ca/2012/06/pris-la-main-dans-le-sac-le-centricois.html) et vous avez la justification pour me faire mettre au ban et déclarer « bitumineux à contrôler »!


Premier constat: avec un service offert une fois l'heure, utiliser les services de transport en commun drummondvillois un dimanche exige des usagers soit de bien connaître à l'avance l'horaire des parcours, soit d'avoir un horaire très très flexible.


Nous n'avions pour notre part rien planifier au préalable; de plus, nous n'étions pas pressés! Heureusement, car nous avons croisé en auto l'autobus que nous voulions prendre en arrivant dans le stationnement du centre commercial. Qu'à cela ne tienne: il y a pire dans la vie que perdre une petite heure d'attente à déambuler sans but dans le mail!

Une heure plus tard, donc, nous montions à bord de l'autobus en direction du centre-ville. Banale balade complètement sans intérêt, vous dites-vous. Eh bien, détrompez-vous! Je vous le dis d'emblée, c'est la portion du circuit touristique qu'a le plus appréciée Princesse et dont elle parle encore. C'est que, après avoir roulé sur Saint-Amant puis fait un petit croche par Bousquet, l'autobus est retourné emprunter la rue de Boucherville, celle-ci en plein chantier de réfection.

BOUDOUM-BAM-POUM-BADABOUM-BOUM-PODOUM...

À quelques minutes de chez nous, nous avons fait l'expérience du transport en commun en zone de guerre. Au Centre-du-Québec, en sandales et culottes courtes, en riant de bon coeur, nous avons traversé sains et saufs un secteur qui avait toutes les caractéristiques que doivent avoir une Bagdad ou une Tripoli balafrée par les bombardements... Drummondville pilonnée au mortier!

D'accord, les cyniques me diront qu'il n'est pas nécessaire de s'imaginer si loin et qu'on peut vivre le même exotisme en faisant la découverte du champ de bataille routier montréalais!

Descendus coin Dorion-Cockburn, nous avons tranquillement marché jusqu'à La Lichette.

Autre constat, malgré les infâmes pots de fleurs municipaux tant décriés par la tenancière de ce bar laitier bien connu (http://www.journalexpress.ca/Actualites/Actualites-locales/2012-05-09/article-2975153/Une-boite-a-fleurs-de-trop-sur-la-rue-Lindsay-%3F/1), il y avait de nombreuses places de stationnement libres sur la rue Lindsay. Quelques rares véhicules circulaient; pratiquement personne en vue sur les trottoirs. Quelques rares clients flânaient cornet à la main chez chacun des deux compétiteurs voisins de crèmaglace; pas de file d'attente à la caisse. Oui, «ça avait l'air de Val-Jalbert»!

Bon, je pourrais discourir encore beaucoup à propos de cette agréable journée sans histoire; par exemple, du type qui, debout derrière moi à La Lichette, racontait avec émotion que la crème glacée pour lui, c'est synonyme d'été depuis son jeune âge; de la vieille dame souriante à qui j'ai gentiment cédé mon siège à l'ombre et de sa fille qui m'a remercié en me disant : «88 ans... 'est bonne ma mère... a' l'a 88 ans!»; de notre marche du retour en remontant Lindsay - où toutes les terrasses étaient pratiquement désertes - vers le terminus Des Forges; du fait que nous avons encore une fois manqué de timing et que nous avons dû attendre l'autobus plus de 50 minutes, pause dont a profité Princesse pour roupiller profondément, histoire de refaire le plein d'énergie après ce cocktail bien garni de soleil, de crème glacée et de BOUDOUM-BAM-BOUM; etc.

Je ne le ferai pas. Je me contenterai simplement de conclure en affirmant que ce périple intra muros fut fort agréable et en philosophant à l'effet que la valeur d'un voyage ne se mesure pas à la distance qu'il nous fait parcourir, mais à la richesse des moments qu'il nous fait vivre et des souvenirs qu'il nous laisse.

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Citations:
Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. (Marcel Proust)


Le plus grand voyageur est celui qui a su faire une fois le tour de lui-même. (Confucius)


Une destination n'est jamais un lieu, mais une nouvelle façon de voir les choses. (Henry Miller)